L'esprit Roots

Robert Finley, auteur-compositeur-interprète et guitariste américain de blues et de soul, vivait sa carrière semi-pro paisiblement jusqu'à ce moment, son moment où à 67 ans, il montra aux yeux du grand public, dans l'émission "America's got talent" qu'il existait encore des grandes voix Roots, profondes et résonnantes.

Sur "Sharecropper's Son", son dernier album, et seulement le 3 ème, produit par Auerbach des Black Keys (qui avait déjà produit l'album précédent "Goin' Platinum), le chanteur garde un son enraciné dans la soul vintage, le Rythm'n Blues classique, le rock & roll et le Blues pour lesquels il est devenu connu, tout en plongeant dans un territoire vraiment personnel dans ses paroles. En développant sur ses relations et son enfance dans le Sud, Finley nous conte des chansons autobiographiques remplies d'histoires cruelles de malchance, d'amour brisé, de spiritualité, d'empathie et de rédemption tout en élevant le ton de l'album de sa voix pénétrante..

L'ouverture, et le premier single, "Souled Out on You" plonge dans une relation de rupture “you put me through hell, got me under your spell”, avec Finley lâchant un falsetto vulnérable sur une sombre mélodie de piano. Mais la chanson ne repose pas sur ce territoire, devenant une ballade soul déchirante accompagnée de trombones et de trompettes. Les choses deviennent plus audacieuses sur "Make Me Feel Alright", Robert claque des mains, une ligne de guitare des années 70 crée une essence Motown, avec un refrain rock classique qui rappelle des chansons comme "Gimme Shelter" des Rolling Stones.
Les morceaux Soul les plus puissants proviennent souvent de l'expérience de vie des chanteurs, et cela se confirme sur la chanson "Sharecropper's Son", un blues qui ramène Finley à son enfance; “Out in the red hot sun, all the work was never done”. Décrivant sa vie difficile que la majorité d'entre nous ne pourrait jamais imaginer.
Mais il y a aussi de la joie. Elle y est apparente dans "My Story", avec Finley chantant pour ses parents, imaginant qu'ils le regardent fièrement. “We gotta teach our children how to fly, so they can reach those stars in the sky”. La piste pleine d'espoir mélange du gospel avec des guitares et des cuivres espagnols pour créer un arrangement unique qui élève également la piste.
Il y a aussi une certaine conscience de soi enjouée sur "Better Than I Treat Myself", un rock mélangeant rétro et bien-être, Robert Finley y concède qu'il “just looking for somebody to treat me better than I treat myself”.
L'album se termine intelligemment par le frémissant "All My Hope", un pur morceau de Soul Gospel qui clôture l'album sur une note chaleureuse.

On ne peut s'empêcher d'apprécier, sur ce dernier album, la puissance de la voix et de l'esprit de Robert Finley qu'il canalise avec éloquence.
L'ensemble aurait pu être enregistré il y a plus de 50 ans avec son mélange d'Otis Redding et de Wilson Pickett.
"Sharecropper's Son" est une juxtaposition parfaite de paroles terreuses et de narration franche avec une musique Roots honnête et bienfaitrice.
Et quelle voix!...

7,5/10