Un rappeur particulier

“Le titre de mon album vient de mon nom de famille. Je me suis toujours dit que si jamais j'avais l'opportunité de sortir un vrai premier album en tant qu'artiste signé, je l'appellerais Strick Land. C'est une bénédiction que mon rêve se soit concrétisé.”

Le 5 novembre 2021, Strick a donc sorti ce vrai premier album, StrickLand, qui montre un rappeur avec un talent indéniable pour écrire des chansons profondes accompagnées d’une diversité sonore éclatante.

Un album d’une maturité certaine qui ne doit rien au hasard.

Tauren O'lander Strickland, de son vrai nom, a grandi à Charlotte, en Caroline du Nord, dans une famille monoparentale en tant qu'enfant unique. Souvent chez sa grand-mère où ça jouait beaucoup de musique dans des tas de fêtes dans l'arrière-cour, il a, par la suite, de l'âge de 9 à 12 ans, vécu dans une base militaire, à Mannheim, en Allemagne. Ensuite, retour aux USA, étude à “High Point University”, un passage dans l'Air Force puis dirigeant d'entreprise en créant sa propre marque de fringues.

C’est donc un homme accompli qui, grâce à toutes ses expériences qui lui ont inculqué un sens intense de la persévérance et de l’engagement, a choisi, un jour, de se lancer dans l’aventure musicale.

Nous sommes en 2016, Strick coécrit "Coordinate" pour Travis Scott. La 3ème piste sur l'album “Birds in the Trap Sing McKnight”, certifié Platine aux États-Unis et au Canada. La même année, il coécrit 4 chansons sur l'album "TGOD Mafia, Rude Awakening" (du trio Wiz Khalifa, Juicy J et TM88) et Le titre "Ballin" de Juicy J feat Ye.

En 2017, il rappe enfin et sort le single "100 Degrees" avec Young Thug. Titre qui se retrouvera sur sa première mixtape "risk=reward". Suivra "risk=reward 2" en janvier 2018 avec quelques délices comme "Sex, Drugs, Rock & Roll" ou encore "The Source" (feat Denham). Après un EP 6 titre, “Pairadice” sorti la même année au mois d’avril, il accompagne Thugger sur le titre "STS" de la première compilation de l'écurie YSL, "SLIME LANGUAGE", et signe logiquement sur le label De King Slime un peu plus tard, en octobre.

En janvier 2019, il sort le projet 12 titres “See You When I Land”. Le niveau augmente et nous avons droit à quelques dingueries comme l’intro “The Loop”, “Pour a Pint” Feat Gunna, et le génial “Legends Never Die”. En juin et novembre de la même année, il sort 2 mixtapes, “The Machine Vol. 1” et “The Machine Vol 2”, 2 compilations qui permettent un peu mieux de distinguer le profil de Strick. Impossible de passer à côté de certains titres : Le superbe “Nothing Cheap” avec Thug et sa prod spacieuse conçue par Haz Futcha, “Top Dog”, l’irrésistible “Desire” Ft 6Black, “Lingo 2.0”, “Check me Out”, “Watchu Now” et bien d’autres…

Des paroles de plus en plus abouties, des prods de plus en plus qualitatives, on sent que le rappeur de 35 ans est en train de peaufiner son art. Ce qui arrive donc ce début novembre avec un vrai premier album “STRICKLAND”

(A noter, sa belle participation sur “Die Slow”, la magnifique intro de PUNK de notre prophète à tous, Young Thug.)

Tout d’abord, je tiens à souligner que les titres de cet album s'enchaînent étonnamment bien. C’est une chose de plus en plus rare aujourd’hui.

Le fait de retrouver dans l’album, 2 titres (“Wokstar” et “MoonMan”) de la dernière compilation d’YSL “Slime Language 2”, sortie au mois d’avril, aurait pu sembler être une facilité, oui. Et bien l’effet est inverse car ces 2 chansons s'intègrent parfaitement à ce projet solide qui présente très bien l’homme qu’est Tauren O'lander Strickland.

“Strickland” montre donc un rappeur mature et moderne. Un artiste multi-facettes qui a sa propre signature. Entre chansons introspectives et grosses fanfaronnades, Strick développe un monde sonore plus varié que jamais, alterne chant et rap et balance des mélodies à la fois entraînantes et touchantes.

Ainsi, on a le droit à des cassages de nuques avec des bangers comme “Don’t Wanna Leave” sur lequel NAV montre une fois de plus qu’il devrait rejoindre l’écurie YSL, tellement ces apparitions régulières avec les artistes du label sont réussies. Le dansant “Bad Girl”, single sorti plus tôt, est vraiment entraînant même envoûtant. Le duo Strick/Kaash Paige, mélodique à souhait, est une belle réussite grâce aussi à la prod lumineuse de Lingo et Spaceman. La connexion US - UK “Wokstar” fonctionne encore et toujours et celle avec le Nigéria sur l’ensoleillé “No Rush” avec le rappeur nigérian Ice Prince, est évidemment faite pour bouger du popotin.

Mais je dois dire que les grandes réussites sont quand l’ambiance est un plus apaisée. Ainsi quand Wheezy et Thugger accompagnent Strick sur la pépite “In Love With a Fly Girl”, c’est vraiment agréable et harmonieux.

L’harmonie est vraiment le bon mot pour définir “Strickland”, et “Play Stupid” en est un exemple parfait. Swae Lee et Strick, sur un excellent travail (une fois de plus) de Wheezy, offrent une atmosphère légère et terriblement séduisante. La collab enfumée avec Asap Rocky “For Sale” produit notamment par Delgado, le DJ de Rocky, et une envolée droguée pleine de sex, brumeuse, carrément savoureuse.

Et ne croyez pas que Strick a besoin, à tout prix, d’être accompagné pour briller. La preuve sur "Super Futuristic" et “Ocean’s Eleven”, 2 courts titres bluffants, mais aussi et surtout sur “Hurt You” et “Vibez”. 2 titres touchants, très bien produits où Strick nous emmène dans une ambiance cotonneuse et suspendue.

Vous l’aurez compris, Strick est un rappeur particulier avec un sens légèrement poétique du Hip-Hop. Sur Strick Land, on le sent impliqué, studieux, dans une certaine évolution, comme s’il était en train de construire quelque chose qui aura de plus en plus de sens au fil des projets.

Pour lui, le sens de l’héritage est primordial, et même si ce n’est que le début avec ce “vrai” premier album, on lui souhaite conséquent et rayonnant.