Je me rappelle d'une émission en 2018 à Mains d’œuvre à Saint-Ouen où on avait posé la question d'un album qui avait marqué les invité.e.s et je crois que c'était l'organisatrice d'un festival techno-féministe qui avait répondu quelque chose comme : "moi, je crois que c'est Super Bravo de Balladur en fait". C'est exactement la bonne manière de l'annoncer. On ne s'en rend pas compte mais on finit par se laisser convaincre de la portée du disque, sur la longueur.
Balladur c’est maintenant un duo mais quand ils ont commencé à Lyon, ils avaient une chanteuse et un batteur. C’était sympa mais ça a changé dès leur premier album. Super Bravo, c’est sorti en 2016 et c’est mon album français préféré de cette décennie. J'ai appris à l'aimer de plus en plus à chaque fois que j'y revenais. Parce que même s’il est très court, il y a tout un monde là-dedans. Il reste plus grand chose de la pop new wave de leurs débuts. D’accord c’est toujours électronique mais si tu tends bien l’oreille, il y a de la disco, de la dub, des machins orientaux…
Balladur, c’est donc Amédée et Romain et ils viennent de Villeurbanne, la ville de banlieue la plus peuplée de France. Je pense que j’aurais jamais fait d’émission sur l'Indonésie sans Romain. Il avait sorti une jolie compile sur cassette sur ses pérégrinations à Sumatra. J’ai toujours apprécié le fait que Balladur soit un groupe polyglotte et je pense que c’est en grande partie grâce à lui. Après Amédée a cette sorte de dualité entre l’obsession pour la pop parfaite et la techno très dure, ce qui rend toutes les percussions de Balladur extrêmement efficaces, surtout en live. Si vous ne les avez jamais vu en concert, vous loupez quelque chose.
Ce que j’aime par dessus tout c’est que Olympique Layat commence exactement là où le précédent album s’était arrêté avec ce beat extraordinaire qui sample probablement une 204 ou une Fuego. C’est ça qui rend le disque génial, le sens du détail. Le recyclage de toutes les formations expérimentales qu’ils ont à côté, leurs expériences chelous dans leur maison, à Grrrnd Zero ou à l'Orgue du couvent du Corbusier, leur amour sincère et mélomane pour l’italo disco ou les chansons ringardes… Tout ça au service d’un album de pop parfait.
Amédée, Romain : merci pour la galette.