Gallant amèliore son art.

Le registre supérieur de la voix de Gallant est une véritable superpuissance. C'est époustouflant, puissant, perçant et bien d'autres adjectifs qui, je vous assure, sont moins hyperboliques qu'ils ne le paraissent. Alors qu'une grande majorité d'artistes sont obligés d'optimiser leur musique en fonction de leurs limites vocales, Gallant a le problème opposé. Parce que sa gamme vocale est illimitée, il doit optimiser en sens inverse.

Et c'est ce que fait Gallant, précisément.
Il construit un corpus entièrement adapté à sa plus grande force: sa voix.

Sweet Insomnia, la suite de son premier album Ology (2016), améliore son art de plusieurs manières. Le projet témoigne principalement de la croissance en superposant sa musicalité avec une dose de subtilité qui manquait peut-être à Ology.

Sweet Insomnia propose un large éventail de sons permettant à Gallant de jouer pleinement son talent. Cette décision créative lui donne la souplesse nécessaire pour exprimer ses dons vocaux avec beaucoup plus d'économie et d'effet. La retenue vocale rafraîchissante est au service de Gallant alors que la production luxuriante emprunte l'influence du nouveau jack swing (410 [Intro]), début des années 2000 - Usher (Sleep On It), des spaghettis occidentaux (Sweet Insomnia), des Afrobeats (Compromise) et divers autres points de référence.
Lorsque 6LACK et Sabrina Claudio apparaissent, la croissance artistique de Gallant est réelle. Les deux featurings donnent l'impression d'un changement de rythme agréable, comme une opportunité subtile de prendre l'air pendant l'écoute de l'album.

Ce qui est très fort donc, c'est le trait d'union réunissant les 13 chansons de Sweet Insomnia : Gallant lui-même. Pour la plupart des artistes, cela signifierait une condamnation à mort. Heureusement, Gallant a le rare talent requis pour réussir un tel exploit.

En résumé, Sweet Insomnia est le nom qui convient parfaitement pour un album à la fois beau et tortueux

7/10