Concert avril 2009

"Merci pour cette découverte d'une celticocainée nasillarde" ai-je reçu en réponse d'un mail envoyé pour découverte de cette artiste. Comme il y va l'autre !
Claire Diterzi. Claire Touzi dit Terzi. Il est vrai que vu comme ça, je dois bien admettre qu'elle paraît sous l'emprise de substances illicites donc complètement barrée. Ce qu'elle est d'ailleurs : barrée... Ambiance !

Un "aaaaaaaaaaah" d'exaspération lâché en bonne et due forme par la petite dame du siège devant moi me pousse à écouter plus en avant sa conversation avec son homme de mari assis à côté d'elle. Ouvrez la parenthèse - Je sais, c'est pas bien d'écouter aux portes mais il faut bien s'occuper avant l'entrée des artistes ! - Fermez la parenthèse.
- "Mais noooon ! Elle a 24 ans ! Romain est de 85. Elle a un an de moins que Romain" assène-t-elle à son mari sur un ton cassant et agacé, lui étant occupé à lire le topo sur l'artiste à venir.
- "Elle créée son groupe en 86. Elle n'est pas née en 86..." lui rétorque-t-il sur le ton du mari lassé par la connerie de sa bonne femme.
- "Rah ! Je sais pas ! J'ai pas lu ! Qu'est-ce que j'en sais moi !" réplique-t-elle piquée au vif.

Les voix nasillardes des cœurs mettent fin à cette conversation passionnante. ♪ Pour l'éternité, je suis ta nana et ta Mado-ooooooo-OOOO-OOooone ! Hey ! ♫♪ (1) Deux minutes se sont à peine écoulées que la Claire et surtout sa voix nous ont déjà mis les 3/4 des poils au garde à vous. Je suis littéralement sous le charme de cette trentenaire aux multiples facettes. Elle a beau provoquer son public avec des réflexions à la noix, je n'arrive pas à la descendre de son piédestal. Cette voix mes enfants, cette voix ! A faire pâlir la Céline et la Fabian réunies ! Nan parce que les deux autres ont beau avoir un bel organe, elles chantent toujours de la même manière et toujours les mêmes rengaines alors que l'artiste qui se produit devant nous nous balade dans ses univers aussi diverses que variés. C'est comme ça que vous vous retrouvez dans les années 40 face à une vieille chanteuse au vibrato qui ferait rêver Manoukian. Deux minutes trente plus tard, vous faites connaissance avec Cindy la bimbo accompagnée des cot cot de poules en fond sonore. Juste le temps de dire bonjour et vous voilà présentée aux bonnes sœurs et leur gnagnagnagna qui vous font, mine de rien, réfléchir... ♪ (...) Dans mon théâtre au parfum de sang, coureur de cotillons, de lèvres, ce soir je serai ton nouveau trophée ♫♪

Le fil conducteur de son répertoire n'est pas forcément évident à apercevoir au prime abord. Pourtant, en y regardant de plus près, c'est la femme et sa féminité, sa fragilité qui sont mises en avant sur scène au travers des œuvres de Toulouse-Lautrec, Rodin ou encore Camille Claudel qu'elle a mis en musique. Son rêve réalisé : mettre en paroles des toiles et des sculptures. Il vous faudra creuser encore plus dans le souterrain de son monde pour trouver le liant avec sa tenue : une robe directement taillée dans une peau tannée de vache... Dorice Salcedo (2) ! Barrée donc disions-nous. Ouais. J'en conviens mais les personnes délirantes sachant passer un message important se faisant rare, je ne boude donc pas mon plaisir de partager cette perle... Bénies soient mes sœurs !

(1) : Titre : L'odalisque
(2) : plasticienne colombienne. Le fameux liant avec l'artiste nous intéressant ici est son œuvre Atrabiliarios, 1992 : ensemble de boîtes en vessies de vache, avec à l'arrière-plan des niches recouvertes de la même membrane naturelle, littéralement cousues dans le mur avec du fil chirurgical, et qui contiennent des chaussures abandonnées.