[...] Même si bon, DeWolff ne nous ménage pas spécialement avec son entame. « Northpole Blues », qui sent bon la jam bluesy chanté par une sorte d'Axl Rose qui aurait avalé un bol de Bee Gees au petit déjeuner, se révèle on ne peut plus cru dans son rendu sonore. Ça sature, ça grésille, sans compter un enchaînement sur un autre sample on ne peut plus cavalier. Au moins, il ne fait aucun doute que DeWolff n'a pas menti sur la marchandise quant au matériel utilisé et le côté « enregistré à l'arrache ». Par chance, « Blood Meridian I » tubesque à souhait, vient vite remettre les pendules à l'heure avec un rendu moins erratique, plutôt net même, avec ce qu'il faut de saturation et autre grain chaleureux propre à l'analogique pour lui donner un charme désuet délicieux. D'ailleurs, le reste s'enchaînant en montrant à chaque fois des prises pas spécialement unifiées dans leur rendu – même si le premier titre remporte la palme niveau cradingue – ne fait qu'ajouter au charme de l'ensemble. C'est que l'on ne peut arriver à un résultat authentique, réellement diamant brut, sans les imperfections qui vont avec. C'est que tout ça a été enregistré en une prise, sans montage, et pas forcément au même moment. Et composé à l'instinct sans s'attarder sur les fioritures et autres détails inutiles. De l'instinct inspiré où les amateurs rock bluesy (« Made It To 27 », « Blood Meridian II »), soul (« Nothing's Changing », « Let It Fly », « Am I Losing My Mind »), funk tendance disco (« It Ain't Easy », « Life In A Fish Tank » où un arrière-goût Aerosmith le plus bluesy version retro vogue au gré de l'harmonica) pourraient aisément se tromper en pensant que ce disque sort tout droit des archives mystérieuses et poussiéreuses du grenier de Papy, fan de James Brown, Stevie Wonder, Chuck Berry et autres Jackson Five et Commodores. Bref, DeWolff ne fait pas comme à la grande époque. Il en fait pleinement partie... sauf qu'il est juste un chouïa en retard.
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