Un micro dans une église, c'est pas banal, même en 2005. On m'avait déjà trainé au Sacré-Coeur pour enregistrer 400 guitares électriques en même temps, et v'là qu'un mec qui bosse à la RATP anglaise me ramène dans une petite église de Leeds. Moi qui suis habitué à la grandiloquence, je peux vous dire que j'en ai pris pour mon grade. Y avait juste le mec, un rouquin, sa guitare, ses effets et moi. Je m'attendais à une journée de travail facile. Pas grand chose à supporter, à part de la poésie go-goth et trois accords fastoches. Que nenni.
Le mec c'est un cador. Il arrive à rendre beau des chansons folk plaintives et répétitives de plus de huit minutes. Plus proche du hululement de la chouette que du véritable chant humain, la voix de Davidounet rajoute une dose salutaire de bizarre à l'ensemble. Les effets sont jamais cheapos, l'écho est top, le gonze se débrouille comme un chef. Et le pire c'est qu'il fait tout ça en une seule prise. C'est pour ça qu'il y a des cloches à la fin de Unmarked Graves. Le zigue a quand même eu une bonne idée de me ramener dans une église.
Finalement, c'était qu'une journée de travail mais émotionnellement parlant c'était pas fastoche. J'ai pas grand chose à dire sur ces foutus mantras expérimentaux qui m'ont pris aux tripes toute la journée. Je manque de vocabulaire - je suis qu'un micro après tout - mais je peux vous dire que ça vaut bien 400 guitares électriques dans ta face.