Ça commence bêtement.
Comme un vieil hymne Punk-Rock désabusé.
Quatre gaillards autour d’une table qui taillent le bout de gras en sirotant des bières pas fraîches. On discute politique étatsunienne, emprise de la religion sur l’état, société. C’est pas joyeux. Le constat est amer. Le déclin d’une Amérique pourrie par le fric et l’église catholique.
Melvin gratouille un joli riff, conduit les quatre gars à sa manière.
Mike s’attriste des malheurs de son pays. Puis se laisse porter par cette guitare qui semble ne jamais vouloir ralentir son envolée. Le voilà qui se prend à crier, la voix chevrotante, au bord des larmes, encouragé par les hurlements désordonnés de ses compères.
Sandin martèle ses futs comme si sa vie en dépendait.
El Hefe, sentimental, mêle ses sublimes mélodies au rythme endiablé imposé par les trois autres.
Ils en ont gros sur le cœur ce soir nos quatre Punk habituellement si joviaux.
Poussés par une inexplicable urgence, ils balancent au monde tous leurs doutes, leurs peurs, leurs désillusions.
Comme si la tribune qui leur était offerte allait se refermer définitivement.
Et soudain, cette trompette.
Si simple. Inattendue. Trois notes de trompette, comme un signal de ralliement, pour recadrer toute cette énergie et synthétiser en un instant tout le savoir-faire de NoFX.
C’est une oasis cette trompette, le calme avant le déferlement Punk d’une rare intensité qui va s’abattre sur les lieux.
Puis, l’esprit libre, déchargés de leur insupportable fardeau, nos quatre musiciens se retirent comme ils étaient venus, en toute discrétion.
Et toi, pauvre auditeur qui n’avait rien vu venir, tu restes là, avec une boule dans la gorge, le cœur serré, la larme à l’œil, ne sachant sur quel pied danser, avec la sensation d’avoir assisté à quelque chose de grand, d’inégalé, d’inégalable.