Il faut bien l’admettre, on n’attend aujourd’hui plus grand chose de Clark tant la carrière de ce dernier évolue en dents de scie depuis un Irradelphic terriblement décevant. Son album éponyme nous avait bien donné quelques lueurs d’espoir, malheureusement vites éteintes par deux EP oscillant entre le passable et l’embarrassant pour un producteur aussi côté. Mais si la première écoute de The Last Panthers s’est donc faite avec une main près du bouton Stop au cas où l’Anglais ressortait sa guitare, il faut bien admettre que le producteur a en réalité réalisé quelque chose de tout à fait honnête.
Pas de guitare sur ce nouvel album donc, mais Chris Clark n’en revient pas non plus au 100 % électronique qui a fait sa renommée, ne serait-ce qu’en raison du cahier des charges qui a dû lui être imposé lors de la conception : tous les morceaux présents ayant été à l’origine composé pour la télévision, on n’imaginait pas vraiment des sonorités proches d’un Body Riddle. Logiquement, The Last Panthers est un album entièrement ambient. 19 morceaux très courts aux allures de vignettes, un peu à la manière des compositions les plus courtes de Clark, et marqués par un piano souvent austère qui confère à l’album son rôle évident d’imagerie sonore.
Mais The Last Panthers n'est pas qu'une bande son plus que convenable ; la plaque apparaît vraiment comme une nouvelle étape dans la discographie de Clark ou, à tout le moins, comme une œuvre à part, tant celui-ci fait évoluer son univers musical avec cet album : les morceaux ressemblent plus aux interludes de ses anciens albums qu’à ses compositions habituelles et voient apparaitre de nouvelles tendances.
Si le piano est présent tout le long de l’album, "Strangled To Death In A Public Toilet" fait basculer cet instrument à l’arrière-plan au profit de chœurs. Clark utilise également des instruments à cordes ainsi que des glockenspiels sur la fin du disque. Le producteur n’hésite pas non plus à lorgner vers le drone, un morceau comme "Dead Eyes For Zvlatko / Heaven Theme" rappelant notamment (en moins bien) Lawrence English. En outre, le tout évolue sans difficulté et avec une véritable narration, transformant un ensemble de compositions diverses en un véritable album cohérent et validant ainsi le choix du producteur de présenter The Last Panthers comme un album studio et non comme une simple une bande-son. Un album studio qui ne réinvente certes pas la roue, mais qui nous permet d’être un peu plus confiants en ce qui concerne les capacités de Clark en 2016. Ne lui reste plus qu’à ne pas nous décevoir une fois de plus.
Critique originellement publiée sur Goûte Mes Disques