C'est connu, les vrais innovateurs, tous domaines confondus, passent pour des transgresseurs à moitié fous et sont le plus souvent condamnés à l'oubli. Leurs idées seront pourtant reprises quelques années plus tard pour forger de radieuses destinées.

La règle se vérifie avec le groupe New York Rock & Roll Ensemble, ne serait-ce qu'à voir le peu d'albums renseignés sur SC, qui plus est tous non notés. Ces gars là sont à peine pourvus d'une page Wikipedia peu fournie, en anglais uniquement qui plus est, révélateur ultime de la disparition des mémoires de ce groupe ne manquant pourtant pas d'arguments.

Avec cet album éponyme, New York Rock & Roll Ensemble a pourtant innové de façon radicale.

En parallèle de la montée en puissance du hard rock porté par des Led Zeppelin émergeants, New York Rock & Roll Ensemble lui s'est lancé dans des compositions rock intégrant des instruments de musique classique, et inversement a écrit des mouvements d'obédience classique/baroque interprétés par des instruments rock. Le titre phare de cette approche fut le morceau "Brandeburg" (qu'on retrouve sur leur second album "Faithful Friends"). Le résultat impressionnera quelques connaisseurs, dont un certain Leonard Bernstein, mais n'aura finalement qu'une audience limitée, un succès d'estime insuffisant pour imprimer la courte histoire du rock de leur présence.

Pour leur premier album, le concept de "classical baroque rock" habite l'album. Ca n'a cependant rien de prétentieux. L'ensemble est léger, gracieux, on a bien à faire à de la pop rock douce à l'oreille, chants en harmonies charmantes, instrumentistes doués remarquablement orchestrés. Le mélange est finalement évident, surtout que depuis le concept a été décliné moult fois. A leur avantage, un mixage 2.0 de qualité qui spatialise admirablement les ensembles instrumentaux déployés pour chaque titre.

Quelques titres valent vraiment le détour, avec notamment ce "Mr. Tree" douce ballade mélancolique, dont la mélodie sera déclinée avec brio dans le titre final "The Seasons". D'autres titres, plus pop comme "Poor Pauline", "She's Gone" ou "Monkey" rehaussent la sauce générale avec des rythmiques plus chaloupées qui invitent à se trémousser sans honte.

Le tout évoque parfois tantôt des Moody Blues ayant pris des vitamines, tantôt des The Who humbles qui oublient de crier dans leur micro. Ne vous méprenez pas, je n'essaye pas de vous refourguer un chef d'œuvre musical. Il s'agit d'une musique novatrice qui a su rester simple, accessible et distrayante. Ca ne méritait pas d'être enterré dans les archives des placardisés du rock. Et ça surpasse largement la soupe auditive actuelle.

A noter que leur album le mieux vendu "Roll Over" s'affranchit presque de la partie classique de leurs débuts. A la limite pour les découvrir, mieux vaut commencer par cet album. Leur titre le plus populaire "Gravedigger" en est d'ailleurs extrait (à voir ici : www.youtube.com/watch?v=IA6bElymeb8 )
Hypérion
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ovnis sonores et Albums critiqués notés 7

Créée

le 5 juil. 2012

Critique lue 312 fois

7 j'aime

7 commentaires

Hypérion

Écrit par

Critique lue 312 fois

7
7

Du même critique

Princesse Mononoké
Hypérion
10

Un Miyazaki terrestre et mélancolique

Princesse Mononoké est un film à part dans la carrière de Miyazaki, une étape autant qu'une sorte de testament de son art. C'est peut être ce qui en fait l'un de ces films les plus adulés parmi ses...

le 15 juin 2011

482 j'aime

81

Le Vent se lève
Hypérion
9

L'histoire d'un formidable égoïste

Le vent se lève, il faut tenter de vivre est définitivement un film à part dans la filmographie de Hayao Miyazaki, pour moult raisons que j'aurais bien du mal à évoquer de façon cohérente en un...

le 22 oct. 2013

426 j'aime

32

Kaamelott
Hypérion
9

Alexandre Astier, héros des temps télévisuels modernes

Alexandre Astier est remarquablement similaire à son personnage Arthur. Comme Arthur, il est responsable de tout (Roi du royaume / responsable scénario, musique, production, dialogues, direction,...

le 17 juil. 2011

368 j'aime

57