Animal Collective, c'est comme retourner en enfance, d'un coup. C'est planer, c'est comme un baptême de plongée, un cocon, une bulle pétillante, c'est une musique qui fédère en un collectif, humains et animaux, unis par un lien insondable. C'est comme une boisson rafraîchissante, tout droit venue d'Hawaï, dont on aurait oublié le nom, mais qui fait toujours son petit effet.
Les voix, depuis le temps, restes inchangées : comme si un élixir de jeunesse (dont dispose Keith Richards?) avait été ingurgité par les musiciens et avait eu pour but de conserver leur voix superbes : mélange d'innocence, d'optimisme et de beauté extatique sur le monde, le tout en harmonies vocales venant tout droit des Beach Boys, superposées les unes sur les autres, doublées ou multipliées à l'extrême (« Peacemaker », et « Goalkeeper ») pour donner cet effet complètement cacophonique, fou, délirant, d'une chorale expérimentale, électronique (« Jimmy Mack »), psychédélique, jusqu'à l'explosion d'une forme de schizophrénie musicale inégalée. C'est beau, c'est propre, c'est sans bavure.
C'est sans surprise aussi... que peuvent bien faire les Animal Collective aujourd'hui, à part continuer de faire ce qu'ils savent faire (si bien) ? A quoi s'attendre d'autre? (un retour au guitares folk peut-être...) Le groupe est une institution, depuis longtemps maintenant. Et comme toute institution, ils sont en quelque sorte « prisonniers » de leur identité musicale, de leur style, en cela qu'ils sont un peu censés faire ce que les fans attendent d'eux, même si ce carcan n'empêche en rien la créativité de se libérer : ici, sur ce petit EP sans prétention, ils le montrent parfaitement. Cet petit disque se boit comme du petit lait, c'est sucré, c'est fin, malicieux, ...nickel, et un bon cran au-dessus de leur dernier opus.