« Ne pouvant emprunter ni la voie des mers ni celle de la terre, Dédale eut l'idée de fabriquer des ailes semblables à celles des oiseaux, confectionnées avec de la cire et des plumes. Il met en garde son fils, lui interdisant de s'approcher trop près du Soleil, à cause de la chaleur. Mais Icare, grisé par le vol, oublie l'interdit et prenant trop d'altitude, la chaleur fait fondre la cire. Ses ailes finissent par le trahir et il meurt précipité dans la mer qui porte désormais son nom »
Une légende que tout le monde ou presque connait et qui, j'en ai bien peur, s'applique particulièrement bien à l'ascension fulgurante dont est témoin Pyramid depuis quelques temps.
En 2012, j'écrivais ma première critique sur le Monsieur et, intitulée "Rising God", elle montrait rien que par son titre les espoirs fous que je mettais dans l'artiste que je qualifiais alors d'"un des plus grands talents à venir de sa génération". Bref, tout ceci est désormais bien derrière nous. Après un EP 2013 décevant (So Far Gone, le bien nommé), Pyramid est de retour en 2014 avec The Phoenix. Allons mes amis, reprenons espoir, après tout un nouveau Pyramid est toujours un évènement !
Surtout qu'il commence bien cet EP. Astral amorce l'album en douceur, avant de grimper dans les sonorités et les variations en un pur style Pyamidien. Bref, ça envoie pas mal. Je lui reproche juste de grosses répétitivités boum boum sur le milieu, qui auraient gagné à moins se sentir. Mais c'est un bon début.
Vient ensuite The Phoenix... et là, c'est la perplexité. WTF dude, c'est quoi ce rappeur qui chante derrière ?? J'avoue que j'ai mis longtemps à m'en remettre. Bon, heureusement c'est pas du rap trop dégueux, et après pas mal d'écoutes ça passe plutôt bien ; une track sympa pour une expérimentation étrange en somme. Mais juste WTF quand même, le premier Pyramid qui se tape des "motherfucker" toutes les cinq secondes, ça fait vraiment un choc.
Lunar Ghost complète cet EP et m'a également laissé perplexe : peut-on vraiment faire moins inspiré ? Well, sans doute, mais pour du Pyramid c'est quand même très bas. Quatre minutes qui se veulent planantes mais qui ne le sont pas vraiment, et le manque de variation et d'inspiration finit par taper sur le système.
Enfin viennent les deux remix de Phoenix de l'album, un par Lifelike et un par Blende. Et je ne vais pas tourner autour du pot : c'est juste nul. Je ne portais déjà pas spécialement The Phoenix dans mon cœur, mais au moins Pyramid assurait l'électro derrière. Là, on a droit à deux remix sans saveur et sans intérêt. Alors si Blende s'en sort indéniablement mieux que Lifelike, les deux sont toutefois à oublier.
Alors que nous reste-il de cette cuvée 2014 ? Une track super sympa mais imparfaite, un rap expérimental chelou assez générique, un morceau quelconque et deux remix à oublier. C'est quand même assez faible, comme bilan. En écrivant cette critique, je me ré-écoute Lost in Space et Rising Day. Bordel, The Race, Stars Theme, Cosmos, Run... C'était quand même autre chose.
Un constat pour terminer. Je pense que Pyramid a toujours autant de talent. Mais il ne m'a jamais moins plu que depuis qu'il s'est fait labelliser par Kitsuné, et qu'il fait des soirées au Japon, en Australie ou qu'on utilise ses tracks pour faire la pub du mondial de l'auto 2014. Bref, une montée en puissance sensationnelle et au combien méritée pour un type qui a galéré pendant des années à émerger, quand bien même ses tracks étaient excellentes.
Mais maintenant qu'il a touché le soleil et s'est un peu brûlé, peut-être faudrait-il songer à redescendre un peu, afin de ne pas s'aveugler, avant in fine avant de mourir prématurément, précipité dans une pub qui porte son nom (http://youtu.be/vhk-eJHpm3I). En espérant qu'il ne nous prépare pas un featuring avec Pitbull pour 2015.
