Get your gun !

Surement l'album le plus atypique du groupe, sorti alors que Morrison était toujours autant addictif à la drogue et l'alcool ainsi qu'au cœur de quelques déboires judiciaires The Soft Parade est aussi le plus faible. Pourtant, c'est très loin d'en faire l'équivalent d'un mauvais album, et il mérite plus de considération que ce qu'il peut avoir aujourd'hui.

Ici le groupe modifie en partie le style qu'il avait façonné jusque-là, avec notamment l'apport d'instruments à cordes ainsi que des cuivres dans les arrangements tandis que Robbie Krieger se montre un peu plus présent à l'écriture des chansons. L'enregistrement de l'album connu d'ailleurs plusieurs difficulté, notamment dû à un Jim Morrison de moins en moins concentré sur la musique, s'énervant même envers les autres membres du groupes (que ce soit envers Krieger dont il n'aimait pas une des paroles Tell all the people "Get your gun" ou le groupe en général qui vendra les droits de Light My Fire à un constructeur automobile pour une publicité).

S'éloignant de ce qu'à fait le groupe jusque là, et bien différent de ce qu'ils feront par la suite, The Soft Parade demeure un objet curieux, où l'apport des cuivres est important et se ressent dès l'ouverture avec Tell All the People, belle et harmonieuse chanson où les différents ajouts forment une bonne osmose avec la partition des quatre membres originaux. Indéniablement l'une des plus belles réussites de l'album, à côté de l'efficace et magnifique Touch Me, l'une des rares de l'album qu'ils continueront à jouer en live. Les autres petites pépites du groupe se trouvent surtout sur la seconde face, avec l'étrange mais génale ouverture Wild Chid, la magnifique Wishful Sinful ainsi que l'éprouvante clôture The Soft Parade, 9 minutes où ils alternent différents genres allant d'un passage à cappella à un aspect plus rock en passant par une assez belle mélodie. Bref, cinq morceaux qui justifient à eux seuls l'intérêt que peut avoir cet album.

Là où le bat blesse, c'est que l'album est plus long, et on y trouve plusieurs déceptions à commencer par le mauvais Runnin' Blue où malgré quelques passages plutôt réussis voire même amusants, il y a le regret que la chanson n'ait pas plus été travaillé que cela. Les sympathiques mais oubliables Easy Ride et Do It ainsi que le bizarre et répétitif Shaman's Blues, qui n'ont rien de vraiment honteux, sont pourtant très loin du génie que le groupe à été capable de proposer jusque-là, surtout que dans les albums précédents il n'y a peu, voire rien à jeter.

Malgré une entente qui laissait clairement à désirer ainsi qu'une certaines indifférences à la production de l'album (les chœurs et arrangement ont été rajouté par les producteurs sans que le groupe n'ait vraiment contesté), les quatre membres n'ont pas pour autant perdu leur talent. L'alchimie entre eux est vraiment bonne, chacun étant toujours capable de proposer une partition, vocale ou instrumentale, remarquable. La si belle voix de Jim Morrison est encore épargnée par l'alcool (et le groupe sera brillamment s'en adapter par la suite), Ray Manzarek apporte toujours ce plus si unique avec son synthétiseur-basse , Krieger prend encore un peu plus de liberté tandis que Densmore propose toujours une implacable rythmique.

Si l'album est légèrement inégal, on y trouve toujours une ambiance ainsi que quelques perles qui valent vraiment le coup d'être entendues et savourées. Finalement, le malheur de The Soft Parade est d'être un disque des Doors et de se retrouver coincé dans une discographie quasi-parfaite. Le groupe (surtout Morrison) aura de plus en plus de problèmes mais reviendront vers des racines blues et rock pour de nouveau tutoyer les sommets avec le génial Morrison Hotel.

Tracklist :

1.Tell All the People - 3:23
2.Touch Me - 3:12
3.Shaman's Blues - 4:49
4.Do it - 3:08
5.Easy Ride - 3:08
6.Wild Child - 2:38
7.Runnin' Blue - 2:33
8.Wishful Sinful - 3:02
9.The Soft Parade - 8:37