Dès le début d’« I don’t get it », entrainé par les quelques notes langoureuses d‘une guitare électrique, un harmonica nous transperce le coeur d’une intensité que je n’avais même pas entendue dans le blues. Le son de l’instrument s’élève sur les hauts du clocher d’une église de Toronto où a été enregistré cet incroyable live. La voix de Margo Timmins est en adéquation absolue avec la guitare de son frangin Michael (Timmins), et cette douce mélancolie qui se dégage de l’ensemble, notamment par la basse lente et la batterie « chuchotée » qui chatouillent les oreilles avec grâce. Même si l’on n’est pas disponible pour écouter ce disque, on finit par le devenir, tant il y a quelque chose d’exceptionnel qui se dégage de cette musique. Les solos de guitare en mode MTV UNPLUGGED sont doux à l’écoute ; tout aurait été composé exprès pour que ça plaise à tout le monde que ça ne m’étonnerait pas.

La reprise de « Sweet Jane » du Velvet est encore meilleure que l’originale (j’ose). Lou Reed avait d’ailleurs déclaré à propos de cette reprise « qu’il n’a jamais entendu mieux reprendre une de ses chansons ». Tout est excellent. Les autres reprises, d’Elvis avec « Blue Moon Revisited (Song For Elvis), et du grand Hank famélique « I’m So Lonesome I Could Cry » sont d’une justesse de ton parfaite. On a envie de danser un slow (quand bien même on n’apprécie pas plus que ça de danser) sur « 200 More Miles », sous fond de guitares hawaïennes. Le début très intimiste de « Postcard Blues », avec la voix très basse de Timmins, confère à notre écoute une attention et un respect quasiment religieux, logiques au regard du lieu dans lequel a été enregistré le disque. L’album se termine par « Walking After Midnight », de Patsy Cline, et à son écoute, je crois que l’harmonica est fait pour être joué dans un lieu saint, ou est-ce l’instrument bluesy qui est sublimé dans un tel lieu ? Toujours sur ce morceau, l’accordéon célèbre la musique country traditionnelle comme une fête, c’est un gigantesque hommage au style, mais sublimé comme si dieu avait mis son doigt dessus…

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le 21 mai 2013

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Errol 'Gardner

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