The Troubled Sleep of Piano Magic par denizor

chronique écrite en 2003

Je vais vous faire un aveu, je n'ai suivi la carrière de Piano Magic que de loin. Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion d'écouter, connaissant plus le groupe de Glenn Johnson de réputation et par ses changements perpétuels de label (les voici chez Rocket, tiens ils collaborent avec Morr, fichtre les revoilà chez 4AD). …Jusqu'à ce 7e album, difficilement arrivé jusqu' à moi. Ce qui demande là quelques explications. Le groupe franco-anglais a dû trouver refuge en Espagne sur l'incontournable label Green Ufos . Pour la France, c'est le label Monopsone, petite structure mais vrai éthique, qui a décidé d'en assurer la promotion gratuitement. Le catalyseur de cette entraide désintéressée peut être mis au crédit de Angèle David-Guillou (chanteuse honoraire pour des amis du label, Laudanum, Ginger Ale et artiste solo sous le nom de Klima). Mais ce n'en est pas le fondement : que ce soit pour Green Ufos ou Monopsone, des gens ont voulu que la musique de Piano Magic continue d'exister à n'importe coûte que coûte ! Et au final, par cette chronique, je ne fais que prolonger cet esprit de résistance. Remarquez, je n'ai pas eu besoin de me forcer beaucoup car The troubled sleep… est un album somptueux. Piano Magic est un groupe d'équilibristes qui arrive à mélanger recherche formelle avec un songwriting à fleur de peau. Comme peut le réussir Hood. Saint Marie est ainsi une longue échappée d'une guitare subtilement prise d'assaut par des programmations et des nappes électroniques. Angèle pose sa voix d'ange sur cette pop en apesanteur (The unwritten law, Help me… et 2 autres titres). Le groupe arrive surtout à redorer le blason d'un sentiment oublié, le spleen. Et si l'influence de Cure (dès que l'on parle de spleen…) est parfois indéniable (The end of the dark à la basse et batterie "pornographiques"), elle sert toujours à porter plus haut des chansons discrètes et emplies d'émotions. Piano Magic propose avec I'm the teacher's son un slowcore d'exception, (suivant le genre associé à Idaho) : on ne pourra que se laisser submerger par les guitares résonnantes, cette batterie en suspension, la voix de Glenn toute en retenue. Avec des titres d'une telle classe, on aura envie non seulement d'acquérir d'urgence cet album mais aussi les 6 précédents.