Variété du monde, beauté de l'absence
Quatre semaines. C'est le temps qu'Eidos a accordé à Nathan McCree pour composer la bande sonore du premier Tomb Raider. Au vu du résultat final, on ne peut que rester coi devant la performance. Pour la suite, Eidos lui a, dans sa grande mansuétude, accordé 3 mois. Pour un résultat potentiellement ultime ?
La grande force de cette OST, c'est de voir à quel point elle a réussi à se différencier de son aîné. Cette différence se ressent dès le Main Theme, moins viscéral, moins prenant, mais plus léger, symphonique, et à sa manière tout aussi splendide. Si ma préférence va tout de même à son prédécesseur, cette transformation dans la continuité est tout ce qu'il y a de plus réussie.
Le point d'orgue de cette différenciation superbement exécutée est notable lors de notre arrivée à Venise, ses mafieux, ses canaux, et ses violons. Surtout ses violons. Ses extraordinaires violons. Rien que pour eux, TR2 mérite d'être fait. Cette envolée musicale spectaculaire n'a pourtant d'apparence rien à voir avec Tomb Raider. Et pourtant, on sent la patte de Nathan McCree. On sent la patte Tomb Raider.
A Venise, un autre thème extraordinaire résonnera, dans la Cache de Bartoli, alors qu'on escaladera quelques lustres pour se hisser en hauteur (si, si) : Cradle to Grave. Peut-être le meilleur symbole du changement de direction dans la continuité de ce TR2. S'il est malheureusement trop court, on profite d'autant plus de chaque note, enchanteresse.
Bien plus loin dans le jeu, au Tibet, on aura droit à un nouveau thème sensationnel, et pourtant complètement différent de ce à quoi nous sommes habitués : celui du skidoo, la moto des neiges ! Mix de rock, de techno et de musique classique, c'est une pure merveille, assurément un de mes 10 thèmes préférés de la saga (tiens, c'est une idée de liste ça).
Malheureusement... c'est tout. C'est tout, comment ça c'est tout ? Eh bien je viens de faire le tour des thèmes de ce Tomb Raider 2. Pas de thème pour la plate-forme pétrolière / le Maria Doria, ni pour la Muraille de Chine / Temple de Xian. Pas non plus de thème pour la suite du Tibet, le thème du skidoo ne retentissant que dans les Collines Tibétaines. Bon, il y a bien les chants Tibétains pour le monastère, mais c'est bien peu. Entre les niveaux, ou en leur sein, on aura néanmoins à quelques thèmes très courts (moins d'une minute), mais très pertinents, nous faisant d'autant plus regretter le manque de longueurs.
Là où le silence prédominait clairement dans TR1, il y avait presque un thème par niveau. Presque. Dans TR2, le silence est bien moins mis en avant, et il y a moins de thèmes. C'est d'autant plus dommage que vu le tour du monde effectué, il y avait vraiment moyen.
Mais alors, pourquoi cette OST fait-elle 40 minutes, soit le double de celle de TR1 ? Tout simplement car passé les 15 premières minutes, superbes, on se retrouve avec les tracks d'ambiance, souvent très réussies et des fois réellement dérangeantes, mais dont l'intérêt hors jeu est limité.
Au final, Nathan McCree signe avec cette seconde OST une très belle partition, qui se démarque réellement de celle du premier Tomb Raider tout en gardant la signature de la série : c'est bien simple, il est impossible de penser qu'il s'agit d'un autre TR en écoutant cet album, et il est difficile de ne pas penser à TR en l'écoutant. Autant dire qu'il possède une identité forte.
Malheureusement, le faible nombre de thèmes, même s'ils sont très aboutis, déçoit un peu. Les violons vénitiens ou le rythme de la motoneige promettaient pourtant tellement. Mais ne désespérons pas, TR2 est un nouveau tour de chauffe avant le chef d'œuvre ultime de McCree, qui viendra un an plus tard : l'OST de TR3.
