En pleine lumière

Révélé par leur premier album, plutôt bien vendu, Archimède était attendu pour son second album. Trafalgar a bénéficié d'un plan marketing supérieur et a été porté par différents singles de haute qualité. Pour autant cet album se révèle fondamentalement très différent, malgré une certaine proximité. On retrouve les mêmes textes forts, la même envie de briller et faire rire, le même côté rock un peu intellectuel.
Mais Trafalgar s'éloigne justement du côté rock pour lorgner vers une variété maîtrisé. Loin d'être Rubber Soul, ce disque semble s'inspirer d'un Sergent Peppers avec une grande variété de direction.

Bien entendu il y a un côté rock, ne l'oublions pas. On le retrouve sur Est-ce que c'est juste et Tout Fusionne. Mais ce sont bien les arrangements qui sont mis en avant sur tout l'album, avec des paroles travaillées et soignées. L'inspiration Beatles s'entend surtout avec Bye Bye Bailleur qui termine en apothéose l'album.
Musicalement l'album balance moins mais est rattrapé par un chant mis en avant, entrant facilement en tête sans perdre le travail d'écriture. Les rythmes sont dansants et on a un album largement festif qui parvient à convaincre sans difficulté.

Le groupe décompose son propos sous plusieurs aspects. On trouve des thèmes engagés, de l'humour et bien sûr de l'amour.
Bien sûr l'humour, déjà présent par le passé, est ici mis au rang de principe avec des titres comme Je prends, sur un dragueur qui ne prend que des vestes. L'Intrus parle d'un fils intello dans une famille de beauf inculte avec pas mal d'humour encore. Bye Bye Bailleur critique un propriétaire qui loue un appartement très cher alors qu'il est en piteux état. Le Bonheur, single principal de l'album est un message épicurien avec beaucoup d'humour, contentons nous de ce que l'on a et soyons heureux.
Pourtant cette dose d'humour n'oublie jamais d'avoir un soin réel sur les paroles, qui ne sont pas une comédie mais plutôt travaillée avec vraiment l'art du bon mot. On n'est pas face à un sketch mais bien sur de la musique bien écrite.

A côté de ces morceaux quelques uns parle d'amour. Je prends en fait parti d'une certaine manière, mais on retiendra plutôt Tout Fusionne, déclaration un peu niaise mais touchante. D'autant plus que les autres titres sur l'amour parle plus d'échec, tel que On aura tout essayé qui parle de la difficulté de rallumer la flamme de l'amour. Nos Vies d'Avant souligne avec un peu de mélancolie l'éloignement entre les espoirs passés et la réalité présente.
D'autres morceaux sont plus engagés, comme Les Petites Mains, un des morceaux forts du disque qui accuse l'énorme disparité entre les hauts salaires et les ouvriers exploités du capitalisme. Est-ce que c'est juste peut être vu comme une critique du faible travail de certains salariés sur-payé pour travailler moins.
Au milieu de tous ces titres, on verra aussi le magnifique Les premiers Lundis de Septembre. Titre nostalgique sur l'arrivé des enfants à l'école qui pleurent de quitter leur parents. Morceau nostalgique à souhait très touchant.

Un album moins rock, mais plus diversifié et avec des paroles extrêmement touchantes. Peut être un peu trop rapide et manquant justement parfois d'énergie, reste qu'Archimède propose un album extrêmement bien travaillé et plaisant à écouter.