Comparé à son dernier album, celui-ci n'a rien à voir. En effet «Transition» semble bloqué dans le temps, comme si Lukather en était encore au temps de «Toto». Ceci se justifie par des morceaux qui rappellent en tout point les années 80, à un point ou cela en devient vraiment dommage. Non pas que reprendre des ingrédients de ces années soit un mal, mais l'utilisation intensive, par exemple du Delay (effet de guitare qui fait en quelque sorte durer le son, très ancré dans le son des guitaristes de cette époque) dérange. Avec la carrière qu'a eu Steve, on aimerait entendre des sonorités un peu plus modernes, peut-être de nouvelles inspirations aussi. Il faut bien comprendre que je ne suis pas en train de critiquer la façon dont ont été composées les musiques d'avant (qui d'ailleurs restent selon moi les meilleurs), mais je dit simplement qu'on a l'impression de ré-entendre du déjà fait. Surtout quand on sait que Lukather fait partie en quelque sorte de ces «guitar-héros», qui ont pour la plupart réussi à se renouveler, sans tomber dans les clichés, tout en restant fidèles à leurs racines. A noter que les effets sonores ne sont pas les seuls à donner cette impression, mais la composition globale des morceaux et surtout les différents riffs de guitare donnent cet effet.
Malgré cela, on retrouve la pâte de Lukather. Un jeu soigné, une grande sensibilité (notamment dans les solos), mais surtout un jeu fortement teinté de blues, mais moins exploité qu'auparavant. C'est pour cela que je reste relativement déçu par cet opus, qui selon moi n'est pas à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre d'un guitariste de cette tranche. Si l'on s'attarde sur l'atmosphère générale de l'album, l'ami Steve verse dans le Rock/Blues, pas de doute là-dessus, on peut noter que les quatre premières chansons de l'album restent relativement mélancoliques. «Judgement Day» et «Creep Motel» sont des titres qui rappellent typiquement les années 80, tandis que «Once Again» et «Right The Wrong» seraient à ranger du côté des balades, avec des refrains assez entraînants Vient ensuite «Transition» qui est astucieusement placée au milieu de tout ces titres et qui fait justement office de transition entre la première et la deuxième moitié de l'album. La suite s'inscrit dans un registre peut-être un peu plus pêchu, «Last Man Standing» avec son riff de guitare principal, «Do I Stand Alone» chanson un peu plus sautillante que les autres, «Rest Of The World» qui rappelle immédiatement le blues si cher à Lukather, et enfin «Smile» seule (vraie) instrumentale de l'album mais aussi reprise de la musique d'un film de Charlie Chaplin, «Les Temps Modernes».