Treacherous
Treacherous

Album de Over the Wall (2010)

Ceci n'est pas une critique - Une cave pourrie, un son dégueu, des pintes à 2e.

J'étais à Glasgow, dans une auberge de jeunesse un peu miteuse, un peu excentrée : c'était la moins chère de la ville, et pour cause. Cela dit, c'est toujours dans ce genre d'endroits qu'on rencontre les énergumènes les plus intéressants (et les plus fauchés, accessoirement). Dans ce genre d'endroit, les rencontres se font vite. Des vieux grecs à la recherche de boulot me payaient de l'eau de vie de chez eux tout en me parlant de théorie du complot, des étoiles dans les yeux. Ils avaient l'air étranges, mais leur gnôle était bonne.
La veille, un groupe de jeunes australiens fraichement sortis du ventre de leur mère nous avaient proposé un jeu à boire. Avec de nouveaux amis provisoires, nous avions accepté de mauvaise grâce et nous nous étions assis au bord de la table. Ils étaient encore plus insupportables qu'ils n'en avaient l'air. Du coup, ce soir là, nous avions décidé de faire quelque chose de cool, malgré la pluie et le vent. D'après une fille, il y avait un concert dans un bar. Elles sont parties devant, et un écossais sympathique ayant une gueule de criminel m'avait proposé d'attendre que je mange pour partir avec moi. Sympa, l'écossais. J'ai passé les vingt-cinq minutes du trajet à lui faire répéter ce qu'il me disait. Son accent était le plus terrible que j'avais eu l'occasion d'entendre. Lorsque je lui ai dit que j'étudiais la traduction, il a fait une drôle de tête. *Oui, de la traduction depuis l'anglais. Désespoir.*
BREF.
Tout ça pour dire qu'on est arrivé dans un bar. Qui ressemblait plus à un restau.
-Il est où le concert ?
-Downstairs, ya'll hear it soon !
En effet, en entrant dans l'escalier de secours, nous avons commencé à entendre de la musique. Les trois étages à descendre étaient blindés de gens portant des pintes, les murs étaient craquelés. Je commençais à sourire. Les pintes valaient deux euros, et ce n'était même pas de la bière coupée à l'eau. Incroyable.
Le premier groupe était assez sympa. J'ai oublié leur nom.
Puis, lorsque le deuxième groupe est monté sur scène, j'en étais déjà à ma 3 ou 4e pinte. On se payait des coups avec l'écossais : je n'avais jamais vu quelqu'un descendre des bières aussi rapidement. Je devais le suivre, parce que quand c'était mon tour de payer, il me le répétait douze fois par minute. La petite cave était blindée de gens. Le son était dégueulasse, trop fort, mais ça faisait du bien.

Ils étaient deux sur scène : l'un chantait, jouait de l'harmonica et de la guitare, l'autre chantait aussi, jouait du clavier, du sax, des machines, de la basse. Un homme orchestre. Au bout de deux chansons, j'ai commencé à sautiller sur place. À la troisième, j'étais devant, sourire aux lèvres. Le chant du public recouvrait presque celui des chanteurs. Il faisait une chaleur à crever. Les gens étaient incroyablement heureux, et l'atmosphère était envahie par leurs bonnes ondes. Le monde paraissait fou, il était tellement beau.

De l'énergie, de l'amour et une complicité énorme avec le public. C'était l'image d'Épinal de l'Écosse. On se croyait au début de quelque chose de grand. Les deux compères maitrisaient leur art, c'était enivrant (avec la bière en plus, je te raconte pas) : ils exaltaient sur scène, et nous aussi.
Finalement le concert s'est terminé, et le temps était comme suspendu. Les gens se regardaient béats, comme s'ils venaient de jouir, dans un état de relâchement et d'euphorie intense.

Je me suis précipité pour acheter leur CD. Ce que je ne fais jamais, d'habitude, aux concerts. Après que j'ai dit au mec : "Ils sont incroyables, c'est vraiment bien ce qu'ils font !", il m'a répondu "Ouais, je sais ! C'est dingue, je ne sais pas pourquoi ils sont plus connus !! Et c'est leur premier concert depuis 3 ans !". J'ai compris ce à quoi je venais d'assister.
PieroLow
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le 1 févr. 2014

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Pierre Lrnt

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