A l'écoute des premières mesures de Turning Dragon, on croit se tromper. Beat techno sauvage et régulier, bruits percussifs, "New Year Storm" pourrait bien symboliser la tempête passée sous le crâne du prolifique Chris Clark depuis le superbe Body Riddle !
Car lui qui nous avait habitué aux circonvolutions cérébrales de son electronica abrupte, le voilà qui nous propulse ici dans une cage thoracique en plein effort. Onze morceaux sans pause aucune, et autant de battements cardiaques possibles, autant de danses épileptiques. Pour autant, il semble impossible de résumer ce dernier effort de l'anglais à un simple disque dancefloor.
Car si Turning Dragon est bien un disque qui parle plus aux tripes qu'au cerveau, il n'oublie pas non plus le caractère ambient qui caractérise chaque oeuvre de son brillant auteur depuis ses débuts.
A ce titre, on ne peut que saluer, encore une fois, l'attention portée au design de l'album, qui illustre merveilleusement bien l'esprit de son contenu : cette espèce de corbeau inca high tech, en noir et blanc (est-ce le "dragon" en question ?), dégage de la majesté, de la violence, comme une forme de folie. Tout cela, on le retrouve dans la musique de Chris Clark, qui fait par ailleurs preuve d'une imagination débordante en matière de sons.
Ne cherchez pas la moindre ombre de mélodie (la première apparaît sur le superbe "Ache Of The North", qui n'est autre que le... septième morceau !) mais plongez vous corps et âme dans ce nouveau monde tourmenté, futuriste et humain que nous propose Chris Clark, on en sort véritablement transformé. Turning Dragon est certainement son album le plus surprenant mais aussi le plus accessible.