Qui eut cru qu'un objet aussi occulte et infâme puisse sortir d'une contrée comme le Venezuela ? La scène latina n'en finira jamais de m'étonner. Car si la première incarnation du projet de ce duo s'appelait Okkvlt, ce n'est certainement pas un hasard.
L'effort fourni sur ce premier album relève de l'exploit, c'en serait même héroïque. Ces gars-là n'ont pas l'air d'avoir les moyens d'enregistrer dans des conditions optimales ; et d'après leur témoignage, ce n'est pas forcément ce qu'ils recherchent. C'est du fait maison, brut de décoffrage et c'est très bien comme ça.
Chtonica pratique donc un death doomique et blackisant, très raw et limite bestial lors des accélérations. Le chant guttural est bien dégueulasse, l'ambiance idéalement oppressante. La musique est dans l'ensemble très épurée, mais on a droit à un interlude ambient du meilleur effet. Les compos dépassent systématiquement les cinq minutes, et même parfois les onze minutes.
Malgré une homogénéité certaine, Cthonica parvient à rester captivant durant plus de cinquante-trois minutes, ce qui n'était pas non plus gagné d'avance. Bel exploit, dois-je encore saluer. D'autant que les riffs ne font clairement pas dans la complexité, ce qui n'empêche pas à certains d'être limite entêtants.
C'est sans doute le professionnalisme qui s'en dégage qui a convaincu des labels comme Clavis Secretorvm et Caligari de signer cet humble objet, particulièrement friands qu'ils sont de fraîcheur raw (oui, ça se tient).
Pour ma part, je n'ai pu demeurer insensible à une musique aussi primitive et sincère, qui plus est fort bien interprétée, même avec les moyens du bord. Et je crois même le combo capable d'évoluer favorablement s'il reste sur ce créneau, car il y a une belle marge de progression.
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