A la fin du 20ème siècle, Skid Row trônait parmi les cadors de l'univers Hard-Metal, siégeant au milieu des Metallica, Guns, Pantera, Mötley et autres rois touffus. De 1989 à 1995, grâce à leur maîtrise du grand écart, Skid Row fédérerait sous sa bannière des hordes de centaines de milliers de glameurs et de velus métalleux des deux sexes (petits et gros), tous voués à sa puissance et à son groove pandémique.
Le risque insensé de virer leur leader Sebastian Bach fut un acte nihiliste qui contraint le combo à observer un deuil long de 8 ans jusqu'en 2003 avant d'oser annoncer leur nouvelle union avec le texan Johnny Solinger derrière le micro.
Leur lune de miel intitulée "Thickskin" fut malheureusement une preuve navrante de leur perte de mojo. Amputé du double mètre canadien, l'éventualité de flirter avec le niveau des précédents opus "Slave to the Grind" ou "Subhuman Race" s'avéra utopique. Ecoeuré par ce gâchis et une telle déchéance artistique, et à l'instar d'un paquet de mes ouailles, j'avais dès lors banni Skid Row de mon royaume auditif, la mort dans l'âme.
Après 7 nouvelles années d'hibernation suite à leur dernière galette pas plus reluisante ("Revolution Per Minute" en 2006), Skid Row 2.0 se remit en selle en 2013 via un nouvel album fragmenté en 3 parties. A ce jour, le dernier tiers peine toujours à sortir car maintes fois repoussé depuis 2015.
Par lucidité ou mendicité, Skid Row se décide enfin à abandonner les errances stylistiques de leurs deux précédents skeuds, La bande du New Jersey s'est remise la tête dans le guidon en biberonnant son propre ADN millésimé '91-95.
"United World Rebellion" (chapter I & II) jouit d'une prod' plus compacte qu'à l'accoutumé mais comme toujours le coeur de Skid Row bat au rythme de la basse ronflante et claquante de Rachel Bolan, l'architecte en chef. Les futs métronomiques de Ton Hammersmith (le 6ème batteur du groupe !) l'accompagnent parfaitement et s'avèrent aussi puissants que ceux de Rob Affuso le titulaire historique du poste. La paire Sabo & Hill quant à elle, a retrouvé son inspiration et sa maestria d'antan qui mêlaient nervosité, technique, mélodie et des putains de riffs !
Groovy et pétaradante, "King of Demolition" ouvre jouissivement les hostilités de ce premier acte même si cela s'avère être un flagrant recyclage de "Psycho Love".
"Let's Go" embraye sur la vitesse du son et pioche dans la gamme glam de leur premier skeud éponyme.
"This Is Killing Me" est une power ballad quelques crans en dessous de l'intensité et la puissance déployées pour "Darkened Room" ou "Quicksand Jesus" mais plus proche de "18 & Life". Les choeurs et le refrain n'auraient pas eu à rougir face à du Bon Jovi era '86-90 (Dave Sabo, ami d'enfance de John Bongiovi, a été brièvement guitariste du groupe avant d'être remplacé par Richie Sambora -source : Jean-Pierre Pernot-).
"Get Up" est un tank, un fantôme extirpé de "Subhuman Race", consanguin de "Frozen" ou "Firesign".
"Stitches" est la chanson la plus faible de cet E.P, elle tient tout juste la chandelle à "Piece of Me".
Avec ses riffs lourds et lancinants à péter les cervicales de Wolverine, "Fire Fire" s'élève au niveau du mastodonte "Mudkicker", c'est indéniablement la compo la plus bandante mais il s'agit d'une reprise du groupe japonais Ezo (???).
"United World Demolition" se conclut sur : "United", seconde reprise de Judas Priest dans la discographie de Skid Row après "Delivering the Goods" en 1992. Trop longue à cause d'un refrain rabâché et elle se démarque trop du ton général de cette première partie.
Sur ces 7 titres, Johnny Solinger assure le job en apportant l'agressivité nécessaire au style de Skid Row, même s'il subsiste parfois l'impression qu'il force sa voix, comme s'il chantait constipé. Tout le long de ce joyeux bordel, il se fait aussi souvent chopé en flagrant délit de plagiat de Sebastian Bach, son prédécesseur (lors de la ponctuation de certains mots ou d'envolés vocales).
En retournant piocher dans le nectar de sa discographie, Skid Row propose un épisode bien supérieur à ses deux dernières livraisons et surtout bien plus conforme à son identité.
(A suivre : "Rise Of The Damnation - United World Rebellion : Chapter Two")...