Vendredi 10 février 2012, 20h15...
Heureux d'échapper au vent glacial et aux douze degrés Celsius manquants à ce mois de février 2012, je pousse la porte du centre culturel Charlie Chaplin de Vaulx-en-Velin. J'enlève bonnet et écharpe, et je vérifie pour la septième fois la poche intérieure de ma veste. Ma place de concert est là, comme les six fois précédentes. Une cinquantaine de personnes attendent déjà. Des têtes grisonnantes pour la plupart, habillées comme un dimanche. Je dois être le seul de moins de la cinquantaine. Etonnant.
La salle s'ouvre, et je me trouve une place au premier rang, entre un trio de photographes et une bourgeoise trop maquillée. En attendant le début du concert, je jette un œil au public. Une centaine de personnes. Vu les bribes de conversation que j'entends, je comprends que toutes ces personnes sont des habituées de La Voix des Mots (la sélection de spectacles de Vaulx-en-Velin), et que je suis le probablement seul à connaître Manu Galure. Le seul fan. J'oscille entre auto-satisfaction (et ouais, MOI, je connais !) et effarement (pourquoi un chanteur aussi talentueux reste-t-il aussi inconnu ?).
Ca se confirme lorsque les lumières s'éteignent et que Manu, accompagné de ses deux acolytes, entre sur scène : je suis le seul à pousser des « Whouhou !!! ». J'ai l'air con, mais tant pis, ça fait trop longtemps que j'attends que Manu passe en concert dans le Rhône pour m'en préoccuper.
Le spectacle commence. Derrière son piano, il déroule les chansons de son dernier album avec ses deux comparses et brio. Il joue avec les rythmes, alterne chant, phrasé et scat, et se risque même à quelques bons mots entre les chansons (« Les chansons, c'est comme les enfants : des fois on les rate, mais on les garde quand même »). La mise en scène est soignée et sert parfaitement les textes et la mélodie. Quand il délaisse son piano, c'est pour empoigner un keytar, jouer de la thérémine ou d'autres instruments que je n'ai pas su identifier... Alternant chansons acoustiques et électriques, il met le feu à la scène, au figuré comme au propre.
En conclusion, moi qui étais plutôt mitigé au sujet de ce deuxième album (le premier était vraiment exceptionnel), ce concert m'a fait redécouvrir les chansons de Vacarme. Certes, le style est différent du Meilleur des Vingt Ans de Manu Galure (c'est peut-être la touche de Juliette à la direction artistique), mais on retrouve les fondamentaux qui m'ont fait aimer ce jeune chanteur. Une belle alternance de chansons drôles ou poétiques, toujours touchantes, et surtout magnifiquement interprétées. Entre jazz, blues et chanson, Manu Galure confirme avec cet album qu'il a le potentiel pour devenir un très grand nom de la chanson française. Il ne lui manque plus qu'à se faire connaitre. A l'applaudimètre du 10/02/12, il a déjà convaincu une centaine de préretraités rhodaniens.