Pardon on s’est trompé. Il y a quelques mois on mettait ici en parallèle les disques de M83 et d’Electric Six, de part leur vulgarité commune, assumée ou non. En fait on aurait dû mettre dos à dos Hurry Up We’re Dreaming (M83) et ce We All Shine de Team Ghost. Mais à l’époque, on ne savait pas encore qu’était sortie cette année une compilation des deux premiers EP du projet de l’ancien collègue d’Anthony Gonzalez au sein d’M83, le dénommé Nicolas Fromageau. Voici donc l’occasion de rendre justice à ce beau disque éthéré, sorte de fantôme pop et élégant de ce qu’aurait pu devenir M83 sans la folie des « grandeurs kitsch » de Gonzalez.
Fromageau, il ne faut pas l’oublier, c’est la moitié de ce qui est à ce jour le meilleur disque de l’ex-duo français : Dead Cities, Red Seas and Lost Ghosts (2003). Son départ a laissé s’exprimer pleinement le cœur de Gonzalez, plus porté vers une sorte de puissance rythmique et sonique, devenue depuis peu franchement lourdaude. Team Ghost, au contraire, reprend les choses exactement là où le duo les a laissées. Comme si le temps s’était arrêté. Place donc aux nappes de synthétiseurs épais et brumeux, aux guitares qui déchirent un peu les tympans mais pas trop. C’est de la dream pop ? Non, trop bruyant. Du shoegaze ? Non, trop mélodieux. On a envie de dire que c’est du M83, mais ce n’est pas vrai. Comme si c’était la mauvaise personne qui avait conservé le copyright. Non que l’on pense que Gonzalez ait réellement « trahi » la marque M83, mais ce We All Shine procure cette sensation étrange que les disques des débuts, c’était peut-être un peu plus du Fromageau…
Ce dernier en a sans doute assez d’être ramené à son premier groupe lorsqu’on évoque le nouveau. N’en parlons plus alors, et faisons honneur à Team Ghost pour ses qualités intrinsèques. Pour un LP qui n’en est pas un (il s’agit donc de la compilation de deux mini-albums, Celebrate What you Can’t See et You Never did Anything Wrong to Me), We All Shine se défend bien malgré une construction un peu systématique, une alternance entre chansons et plages instrumentales. C’est dans le premier domaine que le groupe se défend le mieux. Dès lors que Team Ghost laisse parler les guitares et la voix, une puissance se libère, palpable, quand celle-ci reste simplement larvée dans les instrumentaux. C’est peut-être aussi un choix assumé : prendre le temps d’installer des climats tendus, souvent réussis, pour mieux laisser s’exprimer des turbulences assez impressionnantes.
En tout cas, à l’instar de la pochette, superbe et glaçante, la musique de Team Ghost est pop, gothique, mais grise surtout. Grise comme une âme tourmentée, grise comme ces machines qui croisent le fer avec des guitares chauffées à blanc. C’est certain, un bel avenir se dessine pour Nicolas Fromageau et sa bande : le potentiel de séduction de Team Ghost n’est pas négligeable. Vivement leur premier « vrai » LP.