Véritable coup de cœur. Gratien Midonet est un poète martiniquais, chanteur, musicien, qui a produit une œuvre pleine du soleil, des senteurs, et des paysages de son île. C’est une véritable fusion de musiques folk, bèlè ou créoles, emplie de nostalgie mais surtout d’amour pour la Martinique, ses traditions, ses mythes, ses musiques, son peuple. Je vais ici analyser la compilation A Cosmic Poet from Martinique, 1979-1989, retraçant les quatre premiers albums de l’artiste.
Complètement autodidacte, G. Midonet pense sa musique alors qu’il étudie la philosophie et la psychopédagogie en France, loin de son île, et pris d’un inévitable Heimweh. La compilation s’ouvre avec ce qui est sans doute ses plus précieux morceaux. D’abord Mari Rhont Ouve la Pot s’inscrit dans la tradition bèlè, avec ses tambours bèlè, ses chœurs, ses rythmes dansants, et des synthétiseurs absolument déments, sur lesquels G. Midonet dépose tout son lyrisme. S’ensuite Ven En Levé, et sa folk martiniquaise, faisant apparaître une batterie et des cymbales funky, contre un poème plein de la nostalgie de ses terres, les goûts et les odeurs martiniquaises. Ven En Levé est aussi une chanson engagée, si bien qu’elle deviendra un hymne de protestation pour le mouvement d’indépendance de l’île après avoir été brièvement censurée par les autorités françaises en 1979.
Les titres s’enchaînent avec ces références à l’île et chantées en créole. Zandoli Leve Doulout, en plus de magnifiquement utiliser l’espace, évoque le zandoli, petit lézard martiniquais, tandis que La Point’ Dé Nég’, avec son côté très funky, évoque les produits de la Martinique (comme la nourriture ou les bijoux).
M’en ka monté mon évoque l’ascension des mornes, de petites collines martiniquaises. On entre ici pleinement dans le mysticisme de la musique de G. Midonet. D’abord, avec le jeu d’une flûte typique de la Martinique, la toutoune-bambou, soit la flûte des mornes. G. Midonet s’inscrit alors dans son temps, puisqu’en 1977, Max Cilla, flûtiste martiniquais, fait campagne pour développer cette flûte qui tombait dans l’oubli, après avoir été encouragé par Aimé Césaire. Ensuite, le thème de la relation entre l’Homme et la nature nous permet de percevoir l’influence de l’animisme sur la pensée du musicien-poète.
Osana est je trouve absolument phénoménal, avec ce début tout en douceur, ce bruit de l’océan couplé à cette guitare douce et lancinante, tous ces instruments qui se répondent librement, ces percussions qui arrivent timidement avant de véritablement marquer le rythme, ces chœurs. Puis ce rythme, éclatant au milieu de la musique, qui vient compléter la basse funk qui nous accompagne, progressivement, depuis le début de la musique.
Bref, c’est un artiste et un album qui donne le sourire, qui accompagne merveilleusement bien le soleil, l’été, la nature, quelques amis, quelques amours, une plage, en bref la vie dans ce qu’elle a de plus simple et de plus précieux.