Absence de gravité. Légèreté. Tête dodelinante. Amour des sons. Sens élargis. La musique nous a d’abord hypnotisé, puis on se sent grisé, drogué. Ça a marché.
C’est bel et bien un voyage sensitif qu’on nous propose ici, un trip aux confins de notre physiologie, un petit psychotrope auditif qu’on savoure jusqu’à l’apogée (Transparent Radiation), avant de redouter la descente, la chute, la fin de l’album. On s’oublie dans ces plages de son droniques, on ne fait qu’un avec la chimie balancée par les ondes sonores, transperçant les molécules d’air pour se loger dans nos oreilles et nos cavités cérébrales, oh ! fini les tracas, fini l’espace, il n’y a plus rien, rien d’autre que le son, les plages de guitares lentes et étendues, les claviers répétitifs et captivants, les voix sporadiques de Jason Pierce et de Peter Kember.
Jusqu’à la fin, à prendre au pied de la lettre. La fin du voyage signifie la fin de la vie, l’arrivée des urgences, la sonnette, se sentir lâcher prise, lâcher une vie de débauche, car le noir devient rarement blanc. Pourquoi avoir choisi de fuir à ce point le quotidien, le monde extérieur, ce qui nous entoure ? Qui en est responsable ? Relire Durkheim. Oui, le trip est bien fini.