En Belgique on a peut-être Stromae mais on a aussi et surtout Arno. J'ai en quelque sorte grandi avec lui, j'ai même du encore l'écouter sur des cassettes audio. Et disons qu'entre les cassettes audios et 2013, j'avais un peu zappé Arno. Un peu beaucoup même. Une amie un peu groupie me le fait redécouvrir il y un an.
Ce week-end, il passait au festival de Namur, où je vais avec cette amie, qui veut être là deux heures à l'avance au moins pour être sûre d'avoir la meilleure place. Il y a des vieux au physique un peu ravagé, déjà accrochés aux barrières, avec une clope dans la main droite, une bière dans la gauche, ils attendent "le sacré personnage". Ils s'étonnent un peu de nous voir arriver si tôt, nous, jeunes, prêts à rater la sensualité d'Axelle Red pour voir Arno de près. Ils nous font gentiment une place sur les barrières, nous tapent même un peu causette, tu vois le bazar. Mon père me disait le matin "c'est quand même dingue, aujourd'hui tu vas voir Arno, que j'allais déjà voir à ton âge"
Il y a aussi des personnages inattendus qui arrivent, genre trapus à la chemise hawaïenne, qu'on voyait plutôt au concert de Carlos, ils chantent fort, et adorent particulièrement "les Filles du bord de mer" sur laquelle ils n'hésitent pas à te bousculer en se dandinant. A côté se trouvent les jeunes filles en fleur, vêtues légèrement malgré le froid, qui dansent comme si elles ne s'étaient pas encore rendues compte que Babylon Circus c'était déjà fini. On se dit qu'Arno plaît à tout le monde, ou qu'une partie des adorateurs d'Axelle Red sont passés voir par curiosité parce qu'après tout, il n'était pas si tard, et ils avaient payé leur place. Et puis il y a ceux qui sont venus comme la presse, avec leur attirail technologique, prêts à prendre Arno dans tous les sens pour le poster sur facebook et frimer un peu. La femme à côté de moi publie "Arno à Namur" 1 like, 2 likes, 3, 4, 5... On se demande si elle est venue voir ou chercher la célébrité. Peu importe, tout le monde sourit, la pluie s'est arrêtée, le public belge est de bonne humeur, un peu excité et légèrement bourré. On entend des cris et des accents qui fusent des quatre coins de la Belgique. Cette ambiance qui finalement lui va bien à Arno, flamand mais avant ça, belge, aux accents mélangés, avec sa façon de parler bien particulière. On comprend rien mais on comprend tout. Bref, c'est sympa Namur la nuit, avec Arno dans les oreilles, les yeux explosés par les jeux de lumière. Et là on se dit qu'on aime son pays, presque fièrement, mais pourquoi donc ? Où est le sens de la fierté nationale ? Je ne sais pas, mais c'est magique.
Arno est là, complètement fou, avec sa voix rauque, on ne sait pas trop si il est sobre ou pas, on s'en fout, ça fait partie du truc, sa gestuelle bien à lui, ses symbales, son humour particulier ("Je vous présente mon bassiste, il est toujours vierge,.. je vous présente mon pianiste, il a posé pour Marie Claire,.. je vous présente mon batteur, il a l'odeur du yahourt et de la laitue") Pas de doute, il vient bien de chez nous cet ovni là.
Et puis Arno, putain putain, c'est vachement bien! (ouai, elle est facile)