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A Love Supreme
8.3
A Love Supreme

Album de John Coltrane (1965)

Ah, si j'avais un Colt, c'est le batteur que je buterais !

Bon c'est fait. J'ai enfin écouté A Love Supreme.

Ça commence à devenir une habitude chez moi de devoir me mettre les gens à dos avec des albums supposés être des étalons dans leur discipline et dans la musique de façon générale. Mais y a rien à y faire, j'arrive pas à cirer les pompes. Ah toujours ce coté anarchiste qui est ancré en moi. Pas envie de suivre bêtement le mouvement, non par bêtise ou volonté délibérée de faire le malin. Non non, rien de tout ça. Anyway, quiconque ouvre sa gueule sans argument n'aura aucun poids, donc aucune écoute. Bref, en ce qui concerne cet opus de mister Coltrane, je n'ai pas d'éléments scientifiques ou musicalement hyper développés à apporter mais j'ai deux ou trois p'tites choses dans ma besace alors je lâche le morceau.

Depuis le temps que je vois trôner ce A Love Supreme dans le haut du tableau, je me disais qu'il devait peser lourd, d'autant plus du jazz. Pire, du 'modal jazz'. Le genre de délire pas accessible à monsieur et madame Toulemonde quoi. C'est pas de la musique de bistrot, encore moins qui passe sur Virgin Radio ou Skyrock.
Une espèce de zik d'intello, et surtout pour musicos avertis dans la discipline. Donc, pas de la pâtée pour chat paraplégique. Voilà le topo de base. Pour les non-avertis, je situe la chose. John Coltrane joue du biniou (oui je suis caustique et je vais me prendre une rafle de missiles par les amoureux du jazz et de Coltrane, mais je m'en fous puisque ça va de pair avec ce que sera la suite de ma critique, donc je préfère naviguer dans un registre homogène), donc je disais, John Coltrane joue du biniou en apnée pendant quasiment 33 minutes en tapotant avec ses longs doigts les touches de sa machine, passant tous les modes en revue, en long en large et surtout en travers. C'est élégant mais c'est chiant comme la pluie. C'est comme ceux qui estiment que les shredders de la six cordes sont des branleurs de manche. C'est pas faux dans un sens. C'est technique, mais pas franchement bandant si vous voulez mon avis. Que ce soit les saxophonistes, les guitaristes, les pianistes, etc etc etc.

Quand je me suis coltiné la Part I, II et III de cet album, vous savez ce que je me suis dit à la fin ? Eh bien cette chose: c'est quand que ça commence vraiment ? Ni plus ni moins. Pourtant, comme dirait l'autre, je kiffe la musique instrumentale, le classique, le piano, le jazz (mais pas celui-là, désolé John), enfin bref j'apprécie énormément quand y a pas de parole, mais uniquement l'instrument qui parle et se suffit à lui-même. En revanche dans ce cas de figure, il faut que le type ait une putain de dose de talent, et surtout de feeling à nous transmettre. Quand j'entends Duane Allman qui claque des solos de gratte que ce soit avec The Allman Brothers Band ou quand il jamme avec les pointures des années 60, là ouais ça me donne des frissons. Sensations garanties à tous les étages. Idem pour Jimi Hendrix, Jan Akkerman, Ritchie Blackmore, Lindsey Buckingham et j'en passe des centaines.

Oui, je me suis fait chier en écoutant cet album. J'en attendais monts et merveilles et je suis tombé de super haut. Autant quand j'ai découvert 'Kind of Blue', je me suis pris une claque puissance 1000 dans la gueule, cette merveille intemporelle de Miles Davis qui m'a - je le précise - foutu les larmes aux yeux. Certes c'est un jazz qui ne joue pas dans la même catégorie 'jazziale' que Coltrane, mais c'est du jazz quand même.
Alors, après avoir adoré ce Kind of Blue, et après avoir vu et lu toutes les louanges faites à ce A Love Supreme, il était donc (presque) logique que son écoute m'eut apporté joie et ravissement. Eh bah que dalle. Double déception. Déception musicale et déception personnelle. J'avais pas choisi le bon bourrin pour la course. A vouloir trop y croire, parfois on se casse les dents avant la ligne droite fatale de Longchamps.
Je suis d'accord avec l'idée commune que John Coltrane est un sacré saxophoniste - au même titre que Charlie Parker - qu'il sait manier sa flûte et tout le tralala, mais perso ça passe pas quoi. Je ne suis pas là pour dire que c'est pas bon puisque ça l'est techniquement, mais niveau du ressenti et de la musicalité (surtout le type pathétique derrière sa batterie m'exaspère justement), c'est chiant. Hyper chiant, une fausse déconstruction pseudo-bobo-jazz avant-gardiste.
Parce que se taper en introduction Part I - Acknowledgement, c'est smoothie mais c'est foutrement ennuyeux. Mais alors foutrement quoi ! 7 minutes et 30 secondes où je me demande ce que signifie ce fatras, ce mix de sax, de piètre batterie qui suit à sa manière le mouvement, une contrebasse qui me semble par endroits désaccordée, un piano où t'as l'impression que le type qui est derrière se fait chier comme un rat mort. Même constat pour 'Part II - Resolution', peut-être même en pire. Quand j'entends ce morceau (ce mouvement, enfin appelez ça comme vous voudrez), j'ai la nette impression qu'on se paie nos tronches. Après le joyeux bordel du premier acte, nous voilà dans la suite du joyeux boxon, acte II. On prend la fine équipe (rahhhh ce batteur de mes deux !) et on ressert les invités, c'est ça ? Oui une louche à droite, une autre à gauche et ainsi de suite jusqu'à ce que mort s'en suive.
Je suis dur là hein ? Oui peut-être bien pour les personnes qui estiment que toucher à Coltrane, les Beatles, Radiohead, Beach Boys et autres choses mammouths de la musique c'est pas normal. C'est quoi la normalité hein les gens, c'est quoi ? Rien de pire que la normalité et la pensée unique. Bref, Part I & II ça casse pas trois pattes à une poule d'eau. C'est éventuellement cool mais basta !

Comme j'aime finir sur des choses positives, je me réserve la 'Part III - Pursuance / Part IV - Psalm' (ça tombe bien puisqu'elle clôt l'album) pour tempérer mes propos ravageurs ci-dessus tenus.
La pièce majeure (en temps) dure plus de 17 minutes et je reconnais que celle-ci ne m'a pas été désagréable, sans m'exciter pour autant. Le saxophone de Coltrane se fait (enfin) plus velouté, moins 'rentre-dedans' et déstructuré, il propose quelque chose de beaucoup plus homogène. On a dû dire au batteur à la mi-temps qu'il était temps qu'il stoppe le carnage, donc fatalement ça se ressent dans la qualité d'ensemble et ça fait du bien. Beaucoup de bien même ! En fait, le gros, l'énorme problème de cet enregistrement c'est la batterie. Elle ruine à elle seule l'album. Vraiment. C'est dommageable car sans cette horrible chose, cet opus aurait eu une autre figure. Avec des si....
Quoiqu'il en soit, heureusement que cette suite Part III / Part IV vient se poser là tel le papillon sur un champ de mines. Comme si on avait calculé sciemment de foutre le gros merdier pour ensuite le justifier par l'apport d'une pièce de derrière les fagots. Ni vu ni connu on passe à autre chose. Y a un eu mélange des bandes des enregistrements avant sa sortie ou quoi ? C'est ça ? Et puis on s'est dit que finalement ça coutait un bras de tout refaire alors on a laissé ça en l'état ? Si oui c'est carrément osé et artistiquement c'est nul. Soit.

Ainsi, après avoir mis 7* (je me suis rendu compte que j'avais noté hyper large là, et que je devais être sacrément bourré ce jour-là), je ne peux que lui attribuer la moyenne. Pas plus. Car, après tout ce qui vient d'être dit, c'est la note max que je puisse mettre.

Un des albums les plus surcotés de la planète.
lehibououzbek
5
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le 15 mars 2013

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lehibououzbek

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