On ne rentre pas instantanément dans l'univers de John Coltrane, sa musique est faite de sonorités à la limite de l'abstraction, d'arythmie, d'atonalité. Et ce Love Supreme ne déroge pas à la règle. En cette année 1964, il pose les bases d'un jazz aux forts accents free en nous plongeant dans une suite divisée en quatre parties, allant de la narration (Acknowledgement) à l'exaltation (Pursuance), en passant par la tension (Resolution), pour finir par l'apaisement (Psalm).
A la première écoute j'étais un peu décontenancé, ne réussissant pas à pénétrer dans les arcanes un peu complexes de ce disque ... mais au regard des notes et des avis élogieux pour ce disque, je me suis dit qu'il fallait que je persévère.
La deuxième écoute me laissait un peu moins au bord de la route, pouvant ça et là m'accrocher à quelques sons et notes, la mélodie n'étant pas la base de l'édifice ... pas qu'il y ait absence de mélodie, c'est plutôt qu'elle est en arrière-plan ... la combinaison avec une batterie toujours en quête de déstructuration, éclatée, trépidante n'étant pas l'élément le moins déconcertant.
A la troisième écoute, que j'effectue d'affilée, je m'ouvre un peu plus encore à cette musique si particulière et je sens instinctivement que finalement, au plus j'écouterai ce disque au plus je me familiariserai avec lui, comme l'approche d'un animal sauvage.
Au bout du compte je vivrais peut-être un amour suprême.