A Pyrrhic Existence
7.7
A Pyrrhic Existence

Album de Esoteric (2019)

On a encore une occasion de le répéter, les albums de doom funéraire ont la fâcheuse habitude de sortir au même rythme que la musique : lentement, très lentement. Ainsi, il aura fallu huit ans à Esoteric pour donner une suite à Paragon Of Dissonance.


Pour mémoire, le groupe de Greg Chandler avait recommencé à sortir des albums double CD depuis le magistral The Maniacal Vale (2008) ; A Pyrrhic Existence est donc bel et bien un double album, en bonne et due forme (deux fois cinquante minutes environ). Le line-up demeure inchangé depuis 2011.


Les albums sortent certes lentement, mais on a donc affaire à une œuvre pléthorique à chaque fois, qu'il faut prendre le temps d'appréhender, étudier, digérer. Depuis que j'ai découvert ce groupe, soit à la sortie de Subconscious Dissolution..., malgré la grande estime que j'ai toujours eu pour Esoteric, aucun album ne m'est apparu à première écoute comme une évidence.
Celui-ci ne fait toujours pas exception, car on peut s'amuser à décrypter chaque compo individuellement. Si certains schémas se répètent (longue intro, milieu léthargique, outro ambient, construction sur la durée, passage accéléré typé death metal avec solo de guitare), il n'y a pas deux morceaux qui se ressemblent.


Sur le doom funéraire classique et à la tendance death des plans rapides (c'est relatif) se greffent parfois des passages à tendance progressive, ce qui contribue à aérer le propos de manière tout à fait pertinente. Et on citera également l'interlude instrumental ambient Antim Yatra sur lequel se termine le premier disque, magnifique morceau dont l'ambiance, onirique, est très éloignée de celle du terrifiant Arcane Dissolution, son seul homologue, sur Subconscious Dissolution...


Au même titre que les différents morceaux au sein d'un même album, celui-ci en comparaison du reste de la discographie a son existence propre et il n'y a de mon point de vue pas de réel intérêt à les comparer. The Maniacal Vale m'avait peut-être plus accroché à première écoute (surtout en raison de sa fabuleuse intro), Paragon Of Dissonance plus fasciné par son ambiance globale, mais ce dernier ne démérite aucunement et s'inscrit, à l'instar de ses prédécesseurs, sur la durée. Il est néanmoins évident que la complexité mélodique s'est accrue depuis les premiers efforts du groupe, aux dépens des colorations psychédéliques ; j'ai toujours trouvé que le tout premier album du groupe incarnait à la perfection ce que j'imagine être un bad trip sous acide (pré-mortem), exploit qu'Esoteric n'a jamais renouvelé depuis.


Bien installé au sein de la scène toujours passionnante du doom funéraire, Esoteric impose à chaque fois sa force de caractère par des sorties toujours aussi immersives et sur lesquelles absolument rien n'est laissé au hasard. Chaque nouveau jet se transforme ainsi instantanément en classique du style funéraire, on ne peut que le constater.


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Man_Gaut
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le 17 déc. 2019

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Man Gaut

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