Qui dit premiers albums de l’année dit premiers coups de cœur. Le 27 janvier dernier, la sortie du premier album de Fishbach, À ta merci, venait confirmer que la jeune ardennaise de 25 ans, qui s’est fait connaître en 2015 avec un premier EP étonnant, est bel et bien la talentueuse auteure-compositrice que l’on espérait.
Son nom de scène, Flora Fischbach le doit à son nom de famille auquel elle a retiré le c (comme un certain Bashung) et dont elle aime la signification : « la rivière aux poissons ». Car, elle le dit elle-même, Fishbach est un poisson qui va « à contre-courant en revenant aux origines, en composant la musique que [ses] parents auraient pu écouter il y a quelques années ». Ne soyez donc pas surpris d’entendre dans cette électro-pop sombre et coriace des relents de Desireless et de tout un pan de la musique des années 1980 ou 1990 : c’est que la bête remonte à sa source.
Avant même la sortie de son premier album, deux titres parus sur son premier EP font de Fishbach ce qu’elle est, c'est-à-dire nulle autre qu’elle-même (en dépit et malgré toutes les comparaisons qu’on lui soustrait, comme par nostalgie). Mortel et Béton mouillé ont suffi à faire de la chanteuse un élément à part dans le vaste paysage musical français, une perle rare, une eau neuve et noire qui remonte le courant… Étrange ? Oui.
Un sens de la théâtralité évident, une voix grave et envoûtante, des mélodies entraînantes… Fishbach semble possédée quand elle joue autant qu’elle obsède. Si vous n’êtes pas du genre à fuir en sautant par la fenêtre quand, en soirée, l’ambiance vire à l’hommage aux musiques qu’écoutaient nos parents quand ils ne pensaient pas encore à nous concevoir, alors Fishbach a toutes les cartes en main pour vous plaire. Sinon, sautez par la fenêtre mais vous risquerez de passer à côté d’une belle découverte (et de vous casser les chevilles).
Avec cet album réussi et des titres comme Y crois-tu, Un autre que moi, Le meilleur de la fête ou encore Un beau langage – entre autres –, Fishbach rejoint ces artistes que l’on étiquette « Nouvelle scène française » mais qui ont relativement peu de choses en commun si ce n’est, peut-être, l’agacement d’être étiqueté « Nouvelle scène française ». À écouter et réécouter, à suivre !