[SAISONS 1&2]
Le topo : The Expanse est l’adaptation, par la chaîne SyFy, de la série de romans éponyme écrite par James S. A. Corey (pseudonyme des auteurs américains D. Abraham et T. Frank) actuellement en cours d’écriture. Du genre space opera, The Expanse a l’originalité de se situer dans un futur relativement proche où l’humanité n’a colonisé que le système solaire. Ici, pas de voyages à la vitesse de la lumière ni de transportations intergalactiques via de mystérieux portails, les voyages interplanétaires durent de longs mois. On y suit les aventures – entre autres – du détective Josephus Miller, né sur l’astéroïde Cérès, du terrien James Holden, commandant d’un vaisseau transporteur, et de la secrétaire de l’ONU Chrisjen Avasarala. Les deux premiers se lancent à la recherche de Julie Mao, fille d’un grand entrepreneur interplanétaire, qui a mystérieusement disparu. Cette traque les mène au cœur d’une conspiration menaçant la paix entre les trois puissances géopolitiques que sont la Terre, Mars, et la Ceinture d’astéroïdes – tiers-monde d’un système solaire exploité par les riches « intérieurs ».
D’emblée, la série marque par son identité visuelle. Dans les taudis que sont les stations de la Ceinture d’astéroïdes, on relève immédiatement l’influence noire et sale du grand Blade Runner tandis que, par contraste, l’ambiance sur Terre est bien plus épurée et lumineuse. La mise en scène est très efficace, rendant parfaitement compte de la claustrophobie que l’on pourrait ressentir à bord de vaisseaux lancés dans une immensité obscure ou au cœur des stations à l’air et à la lumière artificiels. En bref, The Expanse jouit à la fois de très bons effets spéciaux et d’un réalisme froid ce qui, pour une série de science-fiction, est une remarquable prouesse.
L’intrigue, quant à elle, est intelligemment ficelée et passe habilement de grande à petite échelle. Néanmoins, il faut patienter près d’une demi-saison avant d’entrer dans le vif du sujet ; le temps que s’assemblent les pièces d’un vaste puzzle intra et extraterrestre et que vienne poindre une menace de nature inconnue. Après une deuxième saison surpassant la première, l’heure n’est pas à l’inquiétude concernant la suite du déroulement de l’intrigue. Effectivement, la saga originelle comptabilisant déjà pas moins de sept romans et autant de nouvelles, les scénaristes de la série jouissent d’un riche matériau de base à porter au petit écran pour notre plus grand plaisir.
Finalement, The Expanse n’a qu’un défaut majeur : le manque d’épaisseur de ses personnages et la vacuité de certaines de leurs interactions.
(Cf. l’inutile et attendue romance à laquelle on ne croit pas une seule seconde entre James et Naomi…).
James Holden, par exemple, est à l’écran une pâle copie (et l’étrange sosie) de Jon Snow-nothing tandis que Josephus Miller, pourtant plus charismatique que les autres, est le parfait cliché de l’inspecteur désabusé et alcoolique. Ceci dit, il en faudrait plus pour ternir les innombrables qualités de cette série prometteuse qui se glisse tranquillement sur le podium des meilleures séries SF de ces dernières années et qu’une troisième saison réussie finirait d’asseoir. Croisons les doigts en attendant de se retrouver à nouveau à bord du Rocinante !