A Wolf in Sheep’s Clothing par Bobby_Milk
Lorsqu'on cite les Native Tongues, les premiers noms à être cités sont toujours les mêmes ; De La Soul, A Tribe Called Quest et bien sûr les Jungle Brothers, mais le duo Black Sheep introduit par DJ Red Alert est bien souvent mis à l'écart. Un oublie malheureux et inconscient, comme on en a beaucoup d'autre et dont on ne connait pas réellement la raison. Bien évidemment, les premiers cités sont ceux qui ont été les piliers de ce posse, puis il s'est vite agrandi en intégrant avec les années de talentueux rappeurs ayant ce même état d'esprit positif, décalé et tout aussi revendicateur à la fois. Un mouvement qui a bercé, influencé de nombreuses personnes et qui a marqué par son ambiance laid back orienté jazzy la période que l'on nomme aujourd'hui la old school. Avec 'A Wolf In Sheep's Clothing', Dres et Mista Lawnge n'ont pourtant rien a envié aux autres. Leur créativité débordante et leur humour délirant ont fait de ce premier album, l'un des plus marquant de cette ère.
Sortis du Queens, nos deux moutons noirs des Native Tongues se sont néanmoins rencontrés à l'école en Caroline du Nord. Leurs atomes crochus et la même passion pour la musique les ont poussés à travailler ensemble ; Lawnge a un penchant pour les platines tandis que Dres déballe ses histoires à l'allure, inspiré d'un Just Ice ou d'un Tito (Fearless) par dessus les beats. Le succès arrive rapidement avec le posé 'Flavor of the Month' et sa boucle de trompette récurrente. Le public apprend alors à connaître ce duo complice et taquin qui va peu de temps après oser l'impensable: parodier le gangsta rap. 'U Mean I'm Not' est une petite révolution; sous ses airs énervés à la Ice Cube Dres caricature d'une manière totalement hilarante ses histoires violentes qui foisonnent à ce moment la. Aucun format, aucune contrainte forcé par les labels, aucune compétition avec les autres, les Black Sheep ont une totale liberté sur leurs envies de faire ce qui leur semble être le plus 'cool', le plus 'hot' pour l'auditeur, et c'est la le principal atout d' AWISC.
L'atmosphère que dégage l'album est très éclectique et extravagante, notamment au de point de vue des instrus, qui sont d'ailleurs toutes produites par eux-mêmes. Les samples choisis sortent de ce que l'on avait l'habitude d'entendre à l'image de 'Strobelite Honey' qui associe guitare funky et clap hand, flûte de pan et basse grave sur 'Hoes We Know', guitare électrique pour 'Black With N.V (No Vision)' qui sample le jazzman Freddie Hubbard, ou encore Jimmy McGriff qui est revisité sur l'alcoolique 'Pass The 40′ dans laquelle on peut y entendre pour la première fois le tout jeune rappeur Chi-Ali qui termine son couplet par un net "Pass the 40 cause my mother's not looking". Bien que le duo ne soit mystérieusement jamais invité sur les albums des autres groupes du collectif, Q-Tip lui lâche un léger couplet sur 'La Menage'.
Sur le rythme apaisant mené par la flûte traversière de 'Similak Child', Dres parle de la gente féminine avec comme bien souvent sur ses morceaux d'un ton plutôt arrogant et sexiste, à tel point qu'ils en jouent et s'en expliquent sur l'interlude 'L.A.S.M.' qui vous fera esquisser un large sourire . Après la grosse et impressionnante démonstration de Djing par The Sugar Dick Daddy Lawnge sur l'interlude 'For Doz That Slept', vient le morceau qui doit principalement être retenu s'il ne devait y'en avoir qu'un: La version remixée de 'The Choice Is Yours' présente en fin d'album dans laquelle on peut y entendre les mythiques et maintes fois samplés lignes de Dres: "Engine, Engine, Number Nine, On the New York transit line, If my train goes off the track, Pick it up! Pick it up! Pick it up!" ainsi que le gimmick façon Flavor Flav "Hu! Come On!".