Après Rattle and Hum, les quatre potes irlandais sentaient que quelque chose clochait dans leur trajectoire. Ils veulent faire de la musique "américaine"... mais veulent garder leurs racines. Ils veulent toujours offrir des chansons engagées... mais ont conscience que ça ne suffira plus. Ils veulent offrir de grandes mélodies... mais les sonorités Bono-Edge commencent à se répéter...
Le groupe natif de Dublin prends ses cliques et ses claques, et s'isole à Berlin pour concevoir un nouvel album qui, comme l'a dit Edge, "prendra plaisir à scier The Joshua Tree"...
Les premières notes de Zoo Station sont là pour le prouver : disto à fond jouée puis stoppée, comme le son d'une nouvelle respiration qui commence. La batterie de Mullen Jr entre en jeu, imposant des percu, comme pour signifier : "accrochez-vous les gars". Puis la basse de Clayton, et surtout la voix de Bono arrive, complètement modifiée électroniquement... "Zoo staaaaaaatioooooon !"... Ok, les gars, I got it : plus forcément de textes engagés, plus de classique "Guitare-basse-batterie-voix" : vous vous adaptez à votre époque. Cool. Et ça sonne vraiment bien ! Ca devient "Even better than a real thing" avant d'arriver "to the ONE track".
On l'a entendu, ré-entendu, interprétée, ré-interprétée... Mais faut dire ce qui est : One est l'une des plus belles chansons de U2. Pourquoi ? Car, et on a tendance à l'oublier, elle surgit d'un album prenant à contre-courant les habitudes du groupe, comme s'il prenait un élan pour sauter plus loin et tout donner dans le genre "chanson classique de U2" sur une seule piste. Do you feel the same ?
Passé ce moment d'émotion pure, le riff d'Until the End of the World nous attaque et nous ré-emmene dans le chemin initié par Zoo station : ça bouge, ça alterne disto et reverb, ça donne envie de secouer 100 fois la tête pour dire "Oui, les gars, je vous suis dans cette direction !". Vient "Who's gonna ride your wild horses ?", piste étrange et géniale, qui, de l'aveu du groupe, "est impossible à jouer en live, on arrive toujours pas à comprendre pourquoi.". Sur So cruel, on comprends que les textes de U2 deviennent déprimés : ah oui, Bono et Edge viennent de se séparer de leurs femmes (temporairement pour Bono) : "Sweetheart, you're so cruel".
Bon, il faut s'amuser maintenant : Bono prends ses vêtements de "mouche", et c'est parti pour un The fly déchainé, où Edge nous chante un refrain puissant pendant que le personnage de Bono essaie d'en placer une pour raconter ses histoires sur le monde : un grand moment. Et ce solo de guitare de Edge sonne comme une déflagration : U2 ne sera plus le même. Encore !
Les voies mystérieuses sont impénétrables, et le secret de la réussite de la recette également : Mysterious ways, suivi de Tryin' to throw your arms around the world, sont comme les deux versants de cet album : on court, puis on marche, comme pour se reposer avant de courir à nouveau !
Puis vient l'un des sommets de l'album : Ultra violet. Attention : "Baby" ! Un morceau poignant de dépression, des envolées lyriques... "I guess it's the price of Love... I know it's not cheap.". "Baby, light my way" : cette lumière que le groupe recherche, pour aller mieux... Ils l'expriment de manière magistrale dans cette track.
Passée la pose relative Acrobat, Love is blindness vient nous achever avec une mélancolie de textes, d'orgue, de guitare... Un rythme lent, un Edge au sommet... L'album se termine, et Zoo station semble déjà loin : on recommence ?
Achtung baby est indéniablement celui du groupe qui n'a pas pris une ride : de par ses audaces sonores, tout en gardant la puissance mélodique habituelle du groupe, cette oeuvre en 12 temps a marqué au fer rouge tout un ensemble de fans. Que je suis. Vous avez remarqué ?