Avec cette phrase répétée trois fois dans la dernière piste de son album “Adios Bahamas”, Népal nous montre qu’il n’est pas parti en vain de cette planète au début du mois de Novembre. Avec sa couleur violette, la lavande s’apparente au chakra coronal, le plus haut des chakras selon la culture hindou et bouddhiste. Il représente le dépassement du corporel, la sagesse ou encore l’altruisme. Différents concepts que Népal semblaient avoir totalement maîtrisés et ce sont des thématiques que l’on retrouve tout au long de l’album “Adios Bahamas”. Cette spiritualité a d’ailleurs toujours été une forte influence dans la carrière du rappeur parisien.
Tous ces éléments se retrouvent lors du refrain de l’incroyable Trajectoires où Népal se demande qu’est ce que la vie si il ne peut pas aimer les gens, élever ses sens ou encore donner aux autres. Certaines phases résonnent même encore plus forts avec sa mort (“C’est pas important d’être riche si nos corps sont déjà des locations”)
L’univers de Népal a toujours été plutôt sombre et on pouvait logiquement s’attendre à ce que cet album soit dans la même veine compte tenu des circonstances. Pourtant, les atmosphères créées par les instrus ne sont jamais vraiment sombres et oppressantes. L’ambiance globale sur cet album est très calme, vaporeuse voir même apaisante. Difficile de ne pas mentionner le travail de production de Diabi sur l’excellent Sundance où le beatmaker nous propose une ambiance difficilement décryptable. Evidemment, ce style de production se marie parfaitement avec la voix paisible du MC parisien et son flow d’un calme olympien.
Le discours du Grandmaster Splinter est également en adéquation avec les productions léchées de cet album (il est d’ailleurs lui même producteur de certains sons). A l’image de Trajectoires, Népal nous donne une lueur d’espoir dans un monde parfois difficile pour lui. Le voyage, l’amour ou la confiance envers autrui et notamment envers les personnes de son entourage sont certaines des valeurs qu'il souhaitait véhiculer.
Népal était un personnage médiatique discret (pas d’interview, visage couvert) mais il n’en restait pas moins un rappeur avec un entourage solide avec lequel il n’hésitait pas à collaborer. Il n’est donc pas surprenant de voir des habitués sur l’album “Adios Bahamas” : Di-Meh, Nekfeu, Sheldon, Doums et 3010. Chacun rentre parfaitement dans l’univers global de cet album sauf Ennemis, Pt 2 avec Di-Meh qui possède une couleur plus banger et egotrip que les autres sons du projet.
Avec cet excellent album, Népal nous offre un magnifique au revoir et prouve qu’il faisait partie de ces rappeurs ayant un vrai univers et une proposition artistique marquée. Si il disait dans son plus gros tube que tout ce qui était autour de lui n’avait rien de spécial, on peut affirmer que lui l’était.