Ne pas mal juger

Superbus souffre d'un statut un peu spécial. Groupe de rock qui a marqué l'adolescence de beaucoup de gens, deux défauts sont souvent reproché à la formation. Premièrement, le coup de pouce médiatique et technique offert grâce au carnet d'adresse de Jennifer Ayache, la chanteuse. Incontestablement, cela a aidé. Il suffit de voir comment le groupe a commencé, quels moyens techniques ils ont eu à disposition, dès le départ pour voir combien ils ont eu de la chance. Cela dit, cela ne fait pas tout et je crois que si on peut effectivement regretter sur le plan moral cette injustice musicale, cela ne change rien, ni en bien, ni en mal, à la musicalité de l'album.
L'autre défaut est d'avoir été un groupe d'adolescents et de rock. Résultat, on a cette tendance à dire « ce n'est pas du vrai rock » et « c'est pas de la vraie musique, c'est pour les gosses ». Deux phrases qui, si elles ne sont pas entièrement fausses, souffrent quand même d'une vision mauvaise de la musique. Plaire aux kids n'est pas un défaut, et peut se révéler bénéfique.

Il est temps de s'éloigner de tout ça et d'écouter Aeromusical. Parler du CV du groupe peut être amusant, mais il s'agit, avant tout, de juger la musique même.
Quel est la musique façon Superbus ? Et bien déjà c'est très propre et pas mal recherché pour un groupe débutant. Ce premier album ne cache pas du tout la maîtrise vocale de Jennifer qui, par son statut, pourrait justement être la seule sans talent. Et bien c'est faux ! On admirera sa voix et sa diction, capable, instantanément de nous marquer. Superbus entre très vite en tête.
Au niveau de l'instrumental, on appréciera le côté rock qui revendique réellement une sensation de groove. La basse s'amuse beaucoup à donner un air un peu dansant. Les guitares suivent pas mal et on lorgne même vers un rock aux accents reggae. Un côté plus violent, largement influencé par le « pop-punk » (je vomis ce terme).
Globalement Superbus joue sur ces deux facettes : des guitares soit violentes, soit plutôt douce et un facile d'accès. Le duo basse/batterie apporte le groove et le chant amène une mélodie fortement marquante.
Malheureusement, c'est là que le bas blesse : les paroles sont au mieux moyenne et souvent franchement basses. Surtout pour les refrains, bien faibles. Cependant, quelques fausses-rimes de couplets feront mal aux profs de français. On a donc des textes pas très intelligents soit sur le sujet même soit dans leurs réalisations. Globalement Superbus est un groupe pour faire bouger, pas réfléchir et ça se sent.
Deuxièmement on regrettera aussi les structures musicales extrêmement pauvre à base de couplet/refrain en boucle avec, parfois, un petit pont et voilà.
Certains titres, comme Le Soleil cumule les défauts et permet pourtant de passer un bon moment.

Il y a un côté envoutant, charmant dans cet album. En même temps, il est très simple et ne donne guère envie de l'écouter spécifiquement. On passe un bon moment, c'est incontestable et les 4 premières pistes sont un enchaînement total de morceaux entêtants. On appréciera aussi un regard vers le metal grand public avec A Travers toi.

Superbus ne pond pas un mauvais premier album. Au contraire, malgré quelques titres faibles (Sans décrocher, Le Loup), l'album est une très bonne réalisation pour un premier album. On ne peut qu'être impressionné par le résultat final et espérer que le groupe arrivera à faire disparaître ses gros défauts.
Ma note finale représente à la fois un mixte entre mon jugement personnel sur l'album (pas vraiment aimé, pas envie de le réécouter) et un jugement objectif sur sa qualité évidente.