Glammers of all places and times, rejoice! On ne se serait pas attendus à le voir revenir aussi vite, mais nous en sommes ravis. La discographie d’Art d’Ecco est pour le moment une trajectoire aussi stimulante qu’ascendante. Trespasser (2018) était fort sympathique, In Standard Definition (2021) était réjouissant et After The Head Rush se révèle excellent. Comme l’indique le titre, nous barbotons ici dans le sillage de Head Rush, single de l’album précédent qui dépoussiérait les shuffles à platform shoes pour tisser un groove glitter mâtiné de disco retors. Côté capillaire, Art a troqué son carré de corbeau pour un mini-mullet peroxydé, mais l’arpent auditif maintient le cap établi précédemment. L’écriture a la précision d’une horlogerie suisse, avec des refrains aussi savoureux que le chocolat du même coin (Midlife Crisis, Only Ones, Get Loose).

L’album s’autorise en prime des détours malicieux par le ska (Until The Sun Comes Up) et le funk (I Was A Teenager), sans jamais sembler trahir sa ligne stylistique ou sortir de son sujet, celui d'un glam rock rétro, revisité pour mieux affirmer sa pertinence contemporaine. Il faut dire que le fil rouge fluo demeure la voix androgyne du chanteur, à la fois enjôleuse, poseuse et intrigante, louvoyant avec aise au gré des mélodies mutines de ce nouveau projet. After The Head Rush se trémousse comme un punk emperlousé sous la lumière noire du dancefloor, et on aime ça. Pourtant, la force la plus significative de l’album n’est ni sa redoutable écriture, ni son esthétique léchée, mais sa capacité à brouiller les pistes temporelles, faisant cohabiter des saxophones seventies, des basses indie rock et des grooves synthétiques finalement très actuels. En parvenant à redonner tout son sens à l’expression « faire du neuf avec du vieillot », Art d’Ecco pourrait aussi bien tourner avec Sparks qu’avec Kirin J Callinan. Souhaitons-lui donc les deux, ça ferait de sacrées soirées.

OrpheusJay
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le 20 nov. 2022

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