Premier album 100% écrit et composé par les Stones et par le duo Jagger/Richards. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça démarre fort, par une chanson qui est peut être pour moi la meilleure de la formation originale des Stones, en tout cas celle où on retrouve le plus la patte de chacun. La noirceur et le cynisme de Jagger, la guitare de Richards, les arrangements mélodiques de Wyman, l’innovation instrumentale de Jones. Et le tout fonctionne à la perfection : on est tout de suite transporté par la mélodie, les moments assez lents et lugubres, où les Stones murmurent, supplient, suivis de passages très rythmés, où ils se révoltent, se déchaînent. On passe un peu par les différentes étapes du deuil tout au long de la chanson.
La deuxième merveille de l’album est bien évidemment Under My Thumb. On est aussi dans du 100% Stones (cf. Ci-dessus). Plutôt que de la misogynie, accusation récurrente à l’époque, j’y vois plutôt de la pure provoc’, avec volontiers un peu d’aigreur. Les paroles ne sont pas beaucoup moins noires que dans Paint It Black, mais la grosse différence est la musique : elle est très légère. Dans la plus pure tradition du blues, les Stones chantent leur misère et leurs souffrances sur un ton enjoué, qui laisse transparaître une résignation, un « je laisse couler », une patiente attente d’avoir, un jour l’opportunité de s’en sortir, et la volonté de vivre du mieux que l’on peut en attendant. Car oui, la jubilation du mec qui a pris sa revanche sur cette fille qui l’a fait souffrir ne fait que montrer qu’il reste sous l’emprise de celle-ci, et que sa souffrance continue.
Les autres morceaux intéressants sont Lady Jane, flight 505, High and Dry (un country très rafraîchissant dans l’ambiance morose de ce disque), le solo de It’s not Easy.
J’ai aussi bien aimé Going Home, les 2 premières minutes. La rythmique est sympa, les petits embellissements/fills à la guitare, sont très sympa. Sauf que le morceau dure 10 minutes. Et malheureusement, n’est pas Zeppelin qui veut, et c’est beaucoup trop long ! Pour que ça marche, il fait une vraie réflexion sur la structure du morceau. On le voit très bien dans Stairway to Heaven, avec un crescendo continu, de l’arpège d’intro au final Hard Rock, en passant par une ballade folk et par un solo rock virtuose. Going Home est juste 10 minutes de la même chose, et ça ne sert à rien.