10 ans se seront écoulés entre son premier single et son premier album. Entre temps, le producteur gallois Lewis Robert nous aura régalé par sa co-production de l’album de FKA Twigs: MAGDALENE.
Bien que ce dernier soit un chef-d'œuvre d'intimité, Koreless est plus obsédé par les compositions artificielles, au point où il a déclaré dans un interview avec Pitchfork :
I don’t ever want my music to be real-- I don’t want any acoustic or human elements. I want it to be completely artificial and sci-fi.
Contrairement à ses premiers essais, Agor ne laisse derrière lui aucune trace de chaleur. Tout est d’une précision pure et déconcertante. Les morceaux ne laissent entrevoir aucune friction comme si ils avaient été itérés jusqu’à leur forme idéale.
De la musique froide, polie et brillante avec quelques touches atmosphériques pour interférer avec les sons soigneusement élaborés par ce maitre du sound design.
Son premier single «Joy Squad» en est la parfaite représentation avec son timing infaillible : une voix bégayante et une mélodie cinglante s'entremêlent puis se désengagent avec un rythme hypnotique et souligné par de brèves apparitions d'un battement de caisse claire.
Alors que les gens s'épanouissent sur des chansons complètes avec un couplet, un refrain et une musique construite en (de)crescendo, Koreless semble prendre un malin plaisir à nous arracher de cette structure en troublant nos cerveaux avides de résolution. Une méthode bien plus intelligente et dramatique que de simples astuces pour rendre une piste étrange.
Si l’Intelligence Artificielle était capable de préférence esthétique, on peut alors imaginer qu'elle trouverait des affinités avec cette version élégante et efficace de la “dance music”.
Si vous n'avez que 3 morceaux à écouter : «White Picket Fence», «Joy Squad» et «Shellshock».