Voilà donc le tout premier album que j'ai découvert de Mylene, le 2eme qu'elle a sorti. Outre une critique, je vais tenter en quelques ligne de vous donner mon ressenti à sa première écoute. Car, si celle-ci date d il y a plus de 30 ans, je m'en souviens comme si c'était hier.
Il est important pour celui ou celle qui n'aurait jamais écouté "Ainsi soit je..." dans son intégralité, de le faire dans l'ordre.
L'ouverture, l horloge, est une mise en musique d'un poème de Baudelaire. J'ai été saisi par la puissance de ce titre, et l'intensité que Mylene donne au texte du poète, tout en suivant un rythme entêtant et une mélodie à l'instar du thème : rouleau compresseur impossible à arrêter. C'est certainement le titre le plus marquant de l'album.
S'en suit une parenthèse enjouée au gimmick inoubliable, avec Sans Contrefaçon, un tube que je ne me lasse pas d'écouter.
La note positive ne dure pas longtemps puisque dès Allan, 3eme titre, on retombe dans la noirceur avec un clin d'œil à Edgar Poe. Mais une nouvelle fois, la qualité de la mélodie de voix a le don de faire danser la mélancolie, et c'est tout le propre de cette artiste.
Le paradoxe des thèmes s'enchaîne, puisque Pourvu qu'elles soient douces, qui poursuit l'aventure, aborde le sexe et on est envoûté par l incessante répétition du refrain. J'ai été bluffé par le niveau d'écriture du texte et le caractère saccadé de l'interprétation des couplets ne laissent place à aucun doute : ce titre était fait pour devenir numéro 1, et ce fut le cas.
Avec la Ronde Triste, puis Ainsi soit Je, l'auteure nous fait retomber dans une mélancolie aux formes même de désespoir. Un passage difficile alors qu'on est adolescent. Pourtant, avec ce titre éponyme, Mylene est dans la perfection, la mélodie se marie avec le texte, c'est quelque chose d'impropable qui se produit tout au long des 6 minutes de la chanson.
Le yo-yo des émotions se remet en marche avec un Sans logique entraînant qui plante le clou de la personnalité paradoxale de l'artiste.
Mais Mylene ne laisse aucun répit puisqu'en interprétant ensuite Jardin de Vienne, c'est à nouveau des images de mort qui envahissent l'auditeur.
La parenthèse la plus enchantée vient avec Déshabillez moi, une revisitation du titre iconique de Juliette Gréco.
En terminant l'œuvre par une Farmer s conclusion laissant place à 2 minutes de sarcasmes, j'ai, la première fois de son écoute fini par être intégralement lessivé par cet album. Sonné par la profondeur du propos. Il n'a jamais quitté ma platine, je pourrais l'écouter des milliers de fois.
C'est un album mythique, parfait à mes yeux, qui a fait éclore ce qu'est devenue Mylene Farmer aujourd'hui, même si comme elle, en 32 ans, nous avons évolué.
Vraiment, cet album est à re-découvrir un soir d'automne voire d'hiver, ces soirs où le "ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Pourtant c'est bien au printemps qu'il était sorti : encore un paradoxe. Je l'ai découvert dans un salon à l'époque sombre. Il peut être écouté tout en lisant les textes. On peut même pousser l'introspection jusqu'à se plonger dans le noir et poser le casque sur les oreilles