Il est vrai qu'à première vue, ma note peut paraître dure. Mais elle me semble logique si on prend le temps de comprendre ce que je pense de cet album. Il y a peu, j'ai noté et critiqué Punk = Existentialisme, un album du groupe de punk français Guerilla Poubelle. Je donnais alors la même note à cet album, disant que si j'adorai l'énergie du groupe, que j'adorai la force derrière, je trouvais la recherche musicale si proche de zéro pendant tout un album qu'on ne pouvait pas donner une note plus élevée.
C'est un peu un soucis similaire avec All Killer, No Filler. Ce disque se veut le reflet d'une musique qui ne se vit réellement qu'en live. Bien sûr, nous ne dirons pas que sous le prétexte que les deux sont étiqueté punks, les deux groupes se ressemblent. Déjà parce que Sum41 a embrassé la vague du pop-punk, genre aussi hybride qu'indécent à mon sens.
En effet, si la recherche musicale semble légèrement supérieure sur All Killer, No Filler, ça reste très médiocre, très petit, mais surtout nous n'avons pas la même profondeur des paroles. Celles-ci servent surtout d'exutoire pour un public ayant posé le cerveau à côté et préférant bouger telle des zombies sous cocaïne à propos de sujets aussi peu intéressants que mal écrit. Elle est loin la conscience contestataire du punk ! Qu'on n'y voit pas une insulte, je suis le premier à faire ça.
Cependant, j'aime bien l'idée que dans le punk, on puisse posséder les deux, que l'on puisse se poser et réfléchir les paroles et non pas juste pogoter dans la folie du concert. Pourtant, les thématiques de Sum41 sont soit déjà connues et très mal exploitées (les amours de jeunesse par exemple, grande classique mais très cliché) soit assez innovante mais mal écrite et, finalement, inintéressante car trop gentilles avec le public (Motivation par exemple).
Le gros problème de l'album c'est évidemment l'ultra-ressemblance qu'il existe entre chaque piste. A un tel point que ça en devient réellement lourd dans l'écoute. Heureusement, l'album est rapide et on en souffre guère.
Il faut également dire que le groupe a un vrai talent pour composer des tubes adolescents. Personnellement, plus de 10 ans après avoir découvert le groupe, Fat Lip ou In Too Deep me font toujours autant d'effet. D'autres très bons morceaux sont présents mais un peu moins connu que ces deux gros titres. On pensera à Rythms, Summer qui dispose de passage très efficace aussi ou encore Handle This qui parvient à tirer son épingle du jeu en baissant le tempo. On soulignera d'ailleurs que la spécificité de Never Wake Up est simplement d'augmenter ce dernier. C'est très efficace, cela est absolument évident. Le groupe vise l'efficacité, l'énergie qui se communique. Même si, derrière, on a l'impression qu'ils apprennent à jouer en temps réel. L'absence totale de recherche musicale, l'évidence absolue, la facilité de composition, tout est là pour fâcher. On dirait une pâle copie de Blinks-182 en moins talentueux qui plus est.
On notera qu'entre l'introduction et Pain for Pleasure, Sum41 affiche un amour pour le metal, que ça soit speed, trash ou heavy on sent les influences. Bien sûr, l'amateur du groupe verra la marge de manœuvre pour l'évolution future de la formation.
Peut-on en vouloir au groupe pour tous ces défauts ? Au vu de leur jeunesse, cela est assez pardonnable, mais il y a en même temps un tel refus de la recherche musicale que l'amoureux de musique ne peut que s'énerver quelque peu en se disant qu'on confond « musique » et « fête ». Et en cela c'est bien dommage. Sum41 est un groupe efficace plus que de qualité, faisant bouger plus que vibrer et qui profite de la fougue de la jeunesse pour se motiver et motiver son public. On se plaindra cependant du manque concret de musique dans ses compositions, de diversités dans cet album et peut être de sincérité dans le travail de musicien.