Don't argue ! Listen and shut the fuck up !
Octobre 2012, Godspeed You! Black Emperor revient après 10 ans d'absence. Autant dire que le nouvel opus du groupe canadien était attendu, et qui plus est avec les trois albums qu'ils nous avaient sorti auparavant, et en particulier l'insolent de maîtrise 'Lift Yr. Skinny Fists Like Antennas to Heaven!'
Bref, ils étaient autant attendu au tournant que My Bloody Valentine avec 'm b v' 22 ans après leur dernière production. Les deux ne déçurent pas. Si, probablement les casse-bonbons qui croient que les groupes ont des réserves inépuisables dans leur besace et qu'ils peuvent à chaque fois sortir des chefs d'oeuvre comme vous et moi pouvons sortir un LaMineur de notre guitare. Arrêtez de chipoter et écouter ce cadeau offert gracieusement par les gars de Montréal, car ouais je le dis et l'affirme, ce 'Allelujah! Don't Bend! Ascend! est encore une sacrée mandale dans la tronche, n'en déplaise aux ergoteurs de tout poil.
Quatre pistes, deux longues de 20 minutes chacune et deux autres de près de 7 minutes, réparties une fois sur deux. Bel équilibre histoire de pas prendre l'autoroute d'un trait et de s'endormir (pour certains) et emprunter les chemins de traverse afin de se dégourdir les jambes.
J'espère juste que le prochain album de GY!BE ne se repointera pas dans 10 ans, sinon ça fait encore une fois long l'attente.
"Mladic", la première piste introduit magnifiquement le propos. 20 minutes d'intenses sonorités chaudes et parfois orientalisantes, se posent telle la rosée printanière sur la fleur fraîchement éclose. Un nom qui me fait penser au commandant en chef de l'armée de la République serbe de Bosnie pendant la guerre de Bosnie entre 1992 et 1995. Pas un type avec lequel il fallait se friter apparemment puisqu'il a été nommé « le boucher des Balkans ». Pas jojo comme pseudo. M'enfin.
"Their Helicopters' Sing". Oui, les hélicoptères chantent, ils tournoient dans le ciel et donnent un ballet au-dessus de nos têtes. L'atmosphère est pesante, parfois menaçante, plombée. On sent comme un malaise planant...ces hélicoptères qui planent, font du sur-place, prêts à lâcher des missiles, des salves incessantes sur vos oreilles et votre entendement. Ça fout les jetons.
Puis arrive la seconde longue piste; "We Drift Like Worried Fire". Elle amorce la chute, le déclin, la guerre, l'assaut final. Les sons de guitare en témoignent largement. On passe d'une ambiance malsaine à quelque chose d'encore plus pourri en contrebas des hélicoptères qui survolent cette terre devenue de plus en plus désolée. Le ciel est gris, très gris. L'orage fait son apparition, et c'est une pluie de feu et de sang qui entre en scène. L'on assiste à un déferlement, à la mise en place progressive de la final battle. Les camps sont en place et ça va saigner. Les pertes se font conséquentes à mesure des minutes, les corps sans vie s'amoncèlent, la pluie fait rage, l'orage également. C'est la mort qui arrive. La triste plaine de la fin de l'hiver. Tout n'est que désolation. Tout est vide, tout est mort.
Et survint "Strung Like Lights at thee Printemps Erable".
On compte les pertes. On scanne la scène, on se rend compte du désastre. La pluie a cessé et les nuages se sont dissipés. Progressivement le ciel bleu fait son apparition, sans pour autant donner au tableau le renouveau du printemps. Le printemps est morne et la guerre a tout emporté avec elle. Les hélicoptères ont chu, le vent souffle et il ne reste plus rien, sinon la tristesse d'une terre abandonnée.
L'érable est le seul arbre ayant survécu au massacre, il contemple toute cette pauvre lande qui lui fait face. Il pleure et se rend compte que plus rien ne sera comme avant.