Après une pause due à Martin Fry, luttant contre une sorte de cancer et en sortant vainqueur, ABC revient avec Mark White en tant que duo assumé en 1987. Ne sont-ils pas beaux sur cette pochette, digne d’un clip de Modern Talking ?
Ils sont accompagnés à la production par Bernard Edwards, dont la bass et la patte sont aussi importantes pour le groupe Chic que l'est Niles Rodgers. Vous l'aurez compris, en faisant appel à lui, ABC recherche de nouveau à produire le son qu'ils souhaitaient pour Lexicon Of Love. Dans la lignée de How to be a Zillionaire, Alphabet City se fond donc lui aussi dans la masse de production Synthpop en 1987.
L'album commence avec le premier single choisi, « When Smokey Sings », hommage à Smokey Robinson et plus généralement, comme une bonne partie de l'album (et une partie plus infime des sorties de 1987), un hommage au son Soul de la Motown en général. Le titre fera amende honorable en se plaçant 11ème des charts en Angleterre et les américains, (chauvins ?) feront de lui le plus vendu du continent, se plaçant 5ème. Ce qui m'étonne un peu ; je trouve la chanson ni inspirée mélodiquement et plutôt pauvre dans sa tentative de pastiche instrumentale.
Le titre (et single) suivant sur l'album, « The Night You Murdered Love » est pour moi beaucoup plus réussi, même si ce n'est au final qu'une resucée du style de Chic ; parfait mélange entre bass et guitare tapant le rythme, accords au synthé, chœurs féminins, fond symphonique, pont de cuivres… le hit ne fit pas grand bruit dans les pays anglo-saxons mais… numéro 1 en France, quand même ! C'est à peu près à ça que ressemble le reste d’Alphabet City, en moins inspiré.
Il y a bien le troisième single, « King Without a Crown », où le flow de Fry sur les refrains est moins ennuyeux que d'habitude. J'aime aussi beaucoup le gimmick au clavier de « Rage and Regret » mais ce sont au final les seuls morceaux que je garderai. On retrouve Anne Dudley (d’Art Of Noise) aux arrangements pour « Bad Blood » et « One Day » mais pour des compositions débordant au final de banalité, loin de pouvoir prétendre à un quelconque sommet Pop. Mark White vient aussi agrémenter de sa guitare certains moments, ce qui n'est pas déplaisant, voire bienvenue sur « Ark-Angel », mais c'est aussi là assez anecdotique.
Et Alphabet City arrive en plus à paraître redondant à certains moments, la voix et les paroles de Fry ne surprennent plus et même si la production de Chic reste un modèle, cela faisait dix ans qu'elle existait à la sortie de l'album. Ce dernier se plaça tout de même 7ème des ventes en Angleterre mais échoua en France et même en Amérique : faut dire que niveau influences « Motown », ces derniers étaient déjà servis avec Prince et Michael.
Je placerai donc Alphabet City un peu en dessous d’How to be a Zillionaire, moins marqué thématiquement mais pouvant nous contenter pour ses quelques belles pistes. Ils souffrent bien sûr tout les deux de la comparaison avec Lexicon, mais bon, fermons les yeux là-dessus…
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