La nouvelle mouture du duo canadien Crystal Castles se dévoile enfin dans un nouvel album intitulé Amnesty (I). Un nouveau départ pour le groupe de Toronto qui a vu sa chanteuse Alice Glass quitter l’aventure en 2014. C’est Edith Margo Frances qui récupère le micro, tandis que Ethan Kath tient encore les rênes du groupe. Affublé de nombreuses polémiques de plagiat et de multiples controverses, le groupe continue son petit bonhomme de chemin, sans sourciller. Issu de la scène punk hardcore, le duo ne lésine pas sur la brutalité et la cradinguerie. Amnesty (I), évoque tout de même une certaine accalmie, tout aussi glauque soit elle.
Il est pas assez fort mon synthé ?
Comment ne pas être frappé par la violence et la hargne du son de Crystal Castles. La compression et la saturation ne sont pas économisées, ce qui peut parfois donner des sensations diamétralement opposées. Les nappes dérangées de « Teach Her How To Hunt » sont contemplatives alors que les notes perçantes de « Fleece » sont à deux doigts de faire exploser nos écouteurs (si vous écoutez réellement de la musique avec des écouteurs vous êtes pas loin de brûler en enfer). Deux sentiments différents possédant une esthétique sensiblement similaire. Une sacrée prouesse qui démontre que le groupe maîtrise parfaitement sa musique. Comme si les années 80 ressortaient de nos vieux cartons pour hanter le grenier de nos parents.
Gosthbuster !
Crystal Castles développe un univers assez glauque. Le visuel de l’album a d’ailleurs de quoi mettre mal à l’aise. Des petites filles sur une balançoire : le cauchemar ! Une atmosphère qui s’immisce bien évidemment dans la musique du duo. « Femen » ouvre l’album de façon cryptique. Chorale d’enfant jouée à l’envers et piano digne des B.O de film d’horreur des années 90, tout ce qu’il faut pour foutre les pétoches. Il y a un pourtant un élément qui vient briser ce frisson : une boite à rythme largement influencée par la trap ! Aussi surprenant soit-il, ce choix de composition est assez efficace. Le morceau « Ornament » est également un titre assez intriguant. Bien plus groovy que le reste de l’album, il laisse de côté les instrumentations grasses au profit d’une production bien plus convenue. C’est également le cas sur « Kept », où Ethan Kath s’éclate avec la voix de Edith Margo Frances. Coupage et collage sont de la partie, laissant l’épouvante du début d’album s’envoler. Une épouvante qui va même disparaître sur le dernier morceau de l’album, qui est au passage un réussite.
Que ce soit dans son ambiance très underground et son chant enfantin, Crystal Castles est une sorte de Die Antwoord qui se prend au sérieux. Le groupe semble tout de même s’éloigner de l’ambiance moite des caves pleine de punk. L’arrivée de Edith Margo Frances amène le groupe vers de nouveaux horizons, plus calmes et sereins.
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