Bertrand chanta
C'est précédé de la levée de boucliers qu'a suscité son apparition en couverture des Inrocks que Bertrand Cantat livre en ce premier jour de décembre 2017 Amor Fati, son premier effort solo. Et, au...
le 2 déc. 2017
10 j'aime
4
Que penser du nouvel album de Bertrand Cantat ?
Je l’ai écouté, ré-écouté, lu les paroles, lu les critiques.
Il m’a fallu un peu de temps avant de pouvoir écrire quelque chose. L’actualité de Cantat me gênait certainement un peu. Et puis, le temps de la réflexion a fait son travail. Oui, Cantat a le droit de chanter, de faire des disques et des concerts. Et nous, nous avons le droit de ne pas aimer, d’être indifférent ou simplement fan. Le reste est une affaire de conscience.
Parlons alors de cet album.
Cet album est très acoustique et donc peu électrique et encore moins rock. La période de Noir Désir est bel et bien enterrée. On retrouve parfois ici et là quelques influences mais la priorité est donnée à la qualité des textes et de la voix.
La qualité des textes est indéniable, Cantat n’a rien perdu de sa verve. La voix est toujours aussi chaude et grave. Pour ce qui est de la musique, Cantat et Humbert font le boulot mais on les a connu plus inspirés.
’Bref, c’est un bon album, sombre, critique et peu optimiste sur l’avenir de ce monde qui s’incrit dans l’évolution logique de l’album précédent « Horizon » paru sous le nom de groupe « Detroit ». Cantat est aujourd’hui plus proche de Damien Saez par la qualité des textes et le type de musique produite. Il faut juste l’accepter et s’y faire.
Amie Nuit
Une entrée en matière dans la nuit « à minuit » napée d’une vague électronique avec un gentil jeu de mot de l’Amie nuit et à minuit. Cantat chante à la manière de Ferré. C’est une très belle chanson pour débuter cet album.
« Pour des cœurs arrachés sur des lances sanguines
Et des fleurs déhanchées aux nerfs de guillotine
Des yeux fixant l’abime au travers des brasiers
Et des ruines sublimes étendues à nos pieds
Les sirènes du port de la mélancolie »
Cantat n’a apparemment rien perdu de sa plume et ni de sa verve poétique. Ce morceau m’a immédiatement plu par l’ambiance qui s’en dégage. Une ambiance de nuit noire, profonde et silencieuse.
Amour Fati
Amor fati signifie « l'amour du destin » ou « l'amour de la destinée », ou plus communément le fait « d'accepter son destin »
Un morceau composé par Cantat et Humbert. Doit-on y voir un message sur la trajectoire personnelle de Cantat ?
« Eh toi qu’est-ce que tu sais de ma vie, qu’est-ce que tu sais de ma peine
Tu parles, tu causes, tu parades, tu gloses
(...)
Tu fais semblant de savoir, tu racontes des histoires, bouffon, charlot
Recrache comme un robot les conneries prémachées
La soupe qu’on a jeté dans ton écuelle d’esclave
Et regarde toi maintenant tu baves
À c’que j’sais tu veux m’faire la misère et ça date pas d’hier
Ok j’me rends, j’me prends ton doigt pointé sur moi chaque je trouve mon souffle »
Silicone Vallet
Un titre 100% cantat. Une critique des réseaux sociaux et de l’Internet, du contrôle des individus, Silicone Vallet est le lieu de tous les éptithètes.
D’ici tu sais j’vois tout
J’sais tout
C’que tu fais d’pas net
Avec ton internet
Je collecte mes indices
Une police love and peace
Je prends soin de toi tu sais
Je te sais faible alors...
Excuse My French
Pas compris. Si quelqu’un veut bien me donner un sens à cette chanson ?
L’Angleterre
Cantat fait un titre qui s’adresse à un migrant souhaitant se rendre en Angleterre. L’idée est belle. Cantat nous a habitué à des paroles plus musclées, plus révoltées et acides. Ce morceau reste bien sage par rapport à l’enjeu du sujet.
J’attendrai
Un morceau écrit par Cantat et Humbert et Bruno Green (ex leader du groupe Santa Cruz) qui apporte sa contribution pour la musique.
L’un des titres les plus réussis de l’album.
Musicalement c’est beau, guitare, basse, percussions, et favino basse.
Kinou Ferrari au chant pour « tu peux toujours attendre »
« Depuis le temps qu’on y pense à la grande espérance
Pas encore vaccinés contre la perte de sens
Comme un incendie les palinodies
Se répandent à la vitesse de l’éclair ».
Les pluies diluviennes
Le meilleur morceau de l’album pour moi. Morceau écrit par Cantat, acoustique, guitare, piano, voix et percussions.
« J’en ai vu des reines, des amazones
Guerriers schizophrènes, fleurs de la zone
Tous les jours la maestria souveraine »
Anthraciteor
Un morceau écrit par Cantat et Humbert.
Morceau triste, mélancolique.
La guitare acoustique met l’ambiance.
« Je ne connais pas de loi qui pourrai m’éloigner de toi
Et la nuit le silence hurle un confitéor
Je n’ai pas vraiment le choix, d’ignorer ce que « je ne sais quoi »
Qui luit d’un éclat entre l’antharcite et l’or ».
Chuis Con
Le titre le plus énergique de l’album. On retrouve quelques racines de Noir Désir.
Ce n’est pas le morceau le plus interessant non plus.
On retiendra la recherche des paroles où chaque phrase commence par ‘Chuis con ».
« Chuis conditionné, émotif
Chuis compulsif et dépressif
Chuis concupiscent c’est navrant
Chuis complexe en matière de sexe »
Aujourd’hui
Un morceau aux fortes influences Noir Désir. Un morceau politique appelant le citoyen à ne jamais se rendre.
Donnez vous rendez-vous
Ne capitulez jamais
La rue est une source
Elle est pleine de ressources
C’est pas toujours facile
Podemos est tombé sur un os
Syriza ne peut pas
Et la France est insoumise, ou pas ?
À apprécier ou pas selon les idées de chacun.
MayBe I
« Morceau acoustique chanté en anglais.
If your hope is falling apart
As deep as the pit can be
Shall I come a bit closer to the storm
Will you dare to share with me »
Les paroles restent belles, même si Cantat n’est pas le plus à l’aise dans l’exercice dans le chant en anglais.
Créée
le 24 mars 2018
Critique lue 1.2K fois
3 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Amor Fati
C'est précédé de la levée de boucliers qu'a suscité son apparition en couverture des Inrocks que Bertrand Cantat livre en ce premier jour de décembre 2017 Amor Fati, son premier effort solo. Et, au...
le 2 déc. 2017
10 j'aime
4
Force est de constater qu'à son premier retour, avec Détroit, où il avait pourtant signé des chansons pour Trintignant comme sur son incarcération, on n'avait pas fait un tel bazar ; mais "Amor Fati"...
Par
le 31 mars 2018
7 j'aime
8
Clairement plus aboutit que son prédécesseur de 2013 (Horizons), Amor Fati nous plonge dans divers ambiances, feutrées, synthétiques et étranges. Les morceaux sont tous bien différents les uns des...
Par
le 3 déc. 2017
7 j'aime
4
Du même critique
Stéphan Eicher signe avec Homeless Song un superbe album. Je serai tenté de dire son plus bel album mais je ne suis pas assez légitime pour cela ne connaissant pas suffisamment la discographie de...
Par
le 29 sept. 2019
6 j'aime
Everything Was Beautiful, And Nothing Hurt vous transporte dans un univers, l'humeur de Moby en cette époque trouble. Cet album est sombre et envoutant. Sombre comme l'Amérique de Trump dénoncée et...
Par
le 7 mars 2018
6 j'aime
1
Difficile de faire un disque posthume sans risquer de trahir la volonté de l'artiste concerné. L'exercice est réussi pour ce qui est de cet album "En Amont" réalisé par Edith Fambuena, ex Les...
Par
le 27 nov. 2018
4 j'aime