Difficile de faire un disque posthume sans risquer de trahir la volonté de l'artiste concerné.
L'exercice est réussi pour ce qui est de cet album "En Amont" réalisé par Edith Fambuena, ex Les Valentins et qui avait réalisé Fantaisie Militaire en 1998 l'un des plus beaux albums de Bashung. Edith Fambuena s'est enfermé dans son studio pendant 15 jours en septembre 2018 pour "nettoyer" les maquettes voix-guitare réalisées par Bashung et qui n'ont finalement pas été retenues sur Bleu Pétrole, dernier disque sorti en 2008 quelques mois avant la disparition de l'artiste. En mal d'inspiration, Bashung avait fait appel à des collaborations diverses pour son futur album. Ce furent finalement Gaétan Roussel, Arman Méliés et Marc Ribot qui réalisèrent l'album. Les autres morceaux restèrent dans les archives jusqu'à la parution de "En Amont".
Déjà quelques critiques crient à l'infamie. Il ne fallait pas sortir ce disque puisque Bashung n'a pas retenu ces titres, il ne les considérait donc pas assez bons.
Pour ce qui me concerne, je ne vais pas bouder mon plaisir. Si Bashung a fait ces maquettes, c'est qu'il portait un intérêt à ces morceaux. Il lui a fallu ensuite choisir (et donc renoncer) pour les titres de Bleu Pétrole.
L'album est minimaliste, presque nu, tous les morceaux sont en guitares/voix, Edith Fambuena ayant fait le choix judicieux de mettre en avant la voix de Bashung, et seuls quelques chœurs légers et percussions habillent l'ensemble. L'esprit de radicalité si cher à Bashung est conservé.
Je retiendrai les titres"Immortels" et "Seul le chien" (Dominique A, artiste immense et si peu connu), "La mariée des roseaux" et "Nos âmes à l'abri (Doriand, un des auteurs le plus doué et demandé de sa génération), "Elle dit les même mots" (Daniel Darc, ex Taxi Girl), "Montevideo" (composé par Mickaël Furnon) vraisemblablement le plus beau titre de l'album. "Les rêves de vétéran" (Arman Méliès), morceau folk guitare électrique et harmonica si cher à Bashung et "Les Salines (Raphael).
C'est donc un bel album posthume, respectant l'esprit de l'artiste, ce qui est rare dans cet exercice. C'est un beau cadeau aux fans d'Alain Bashung.
Merci à Chloé Mons et Edith Fambuena d'avoir pu rendre cela possible.