Il était...une fois, Roger Jouret né le 24 février 1954 à Bruxelles, issu d'un couple franco-ukrainien qui se rencontra dans un camp de concentration en Allemagne et qui enfanta l'un des plus grands usurpateurs de l'histoire de la musique.
A la fin des 70's, Roger se métamorphose en "Plastic Bertrand" en référence à Bert Bertrand, journaliste rock belge qui incarnait le microcosme punk du royaume. En septante-sept, Roger Jouret rencontre le producteur-interprète Lou Deprijck, avec qui il va désormais collaborer. "Ça plane pour moi", dont les paroles sont écrites par Yvan Lacomblez est composée par Lou Deprijck.
Et Pfaff ! Elle devint l'un des plus grands classiques punk-pop de l'histoire et Elfira pogoter les dancefloors du monde entier. Un succès planétaire phénoménal écoulé à un million d'exemplaires avant d'être repris en yaourt par Sonic Youth, Presidents of the United States of America, the Damned via leur adaptation "Jet Boy / Jet Girl" (qui narre l'histoire d'un mec se retirant de la bouche d'un autre), le ska de Nouvelle Vague ou scandé par Bono à la fin de "Vertigo" lors du gig de U2 sur les marches du Palais du Festival de Cannes en 2007.
Le hit illustra une campagne publicitaire asiatique de Coca-Cola, le générique d'un film de la série Jackass et tapa l'incruste dans des pelloches telles que "127 Hours" ou 35 ans après sa sortie dans "The Wolf of Wall Street".
Mais y a un Ickx : dès la fin des 70's, une gluante rumeur circule selon laquelle Lamy Bertrand ne serait pas le véritable interprète de "Ça plane pour moi" (itou de ses quatre premiers albums, édités entre 1977 et 1981 !). Plastoc ne serait en fait qu'une Brel sautillante et singeant des paroles (comme le chanteur du groupe Boney M ou Milli Vanilli), telle la marionnette d'un ventriloque mais sans fist Amal. Sans se faire de Mouscron, Anvers et contre tous, Plastic Bertrand fini par confesser la supercherie au rock-critic Gilles Verlant en 1998 en avouant que le véritable interprète d'une partie de sa discographie était Lou Deprijck.
Quoi qu'il en soit, "Ca Plane Pour Moi" est issu de l'album "An 1" (cher à Justine), un bac à schnick qui a le mérite que l'on s'y attarde tant y a Scifo d'authentique son punk et de dérision pour que ça te goûte. C'est pas plus con que du Wampas ou pas moins intello que du Katerine, c'est selon.
Le skeud a plusieurs Cordy à son arc : du keupon (dont une reprise pas si louche du "Bambino" de Dalida), une rawette de reggae ("Naïf-song") qui tire la langue au "Three Little Birds" du prophète Marley, une pincée de ska ("Dance-Dance"), des soli de poule et de poisson ("Wha ! Wha !").
Tout le long de la galette, Plastoc et sa bande de marionnettistes ne se prennent pas Dutroux au sérieux ("jette pas ce chewing-gum, poil au rectum" et autres rimes du même acabit dans "5, 4, 3, 2, 1").
Contrairement aux collègues du royaume d'en face, il n'est pas question de lutte des classes ou d'anarchie mais de tranches de vie d'un oiseau et d'une libellule ("Naïf-song"), de pognon ("Pognon-Pognon" : "j'en ai pas trop, donnez-moi z'en") ou d'une reine du solarium ("Sha La La La Lee").
Musicalement, ça tient le pavé et émet parfois des échos des Pistols ("5, 4, 3, 2, 1"), des Clash ("Pogo Pogo") voir des Stooges ("Wha ! Wha !").
Alors si ton second degré est en grève et que tu n'admets pas qu'un canard puisse chanter, t'avaleras pitète ce skeud par le trou du dimanche. Mais sache qu' y a pas d'Hazard dans cette histoire : en '87, Plastoc endosse le maillot du Luxembourg lors du Concours de l'Eurovision pour se vautrer à l'avant-dernière place. Mais y s'en bat les bollocks le Plastoc, c'est pas une descente aux enfers qui va effrayer un diable rouge !