Ooh baby, I wanna put my log in your fireplace !
Avant de parler directement de l’album Animalize, il faut savoir que KISS a traversé un beau gros bordel avant de pouvoir faire les enregistrements en studio. Les relations entre Vinnie Vincent et la paire Simmons/Stanley étaient plus que tendus, le guitariste aurait alors quitté le groupe ou pire aurait été viré après la tournée européenne de Lick It Up. Mais comme KISS n’a pas pu trouver de remplaçant, il fut à nouveau engagé. Lors d’un concert Vinnie continua de faire son solo, empiétant sur le reste du show et énervant au plus haut point Paul Stanley. Le pire c’est qu’il continua de faire la même chose sur plusieurs concerts, jusqu’à ce que Paul pète les plombs et en vienne aux mains. C’est franchement digne de Spinal Tap ! Bien entendu, Vinnie Vincent s’est fait viré une bonne fois pour toutes. Le petit Vinnie ne remontera jamais vraiment la pente, allant jusqu’à arnaquer ses quelques fans.
Mais bon heureusement un petit nouveau allait pointer le bout de son nez, Mark St. John. Et il faut le préciser de suite mais Markie Mark est un guitariste de talent, qui joue à une vitesse incroyable. Malheureusement pour lui cette vitesse lui vaudra quelques problèmes de santé, qui ne sont pas la cause principale non plus mais j’y reviendrais sur le prochain album. On voit aussi le retour de Desmond Child, parolier et compositeur très réputé. Il avait déjà travaillé avec le groupe sur I Was Made For Loving You. On reconnait facilement son style et il aura bossé avec tout un tas de stars telles que Bon Jovi, Bonnie Tyler ou même avec Alice Cooper dans sa période Poison.
Comme d’habitude parlons cinq minutes de la pochette de l’album. Et bien, c’est ridiculement kitsch. Franchement c’est quoi ce machin ?! Des peaux de zèbre, de tigre et de léopard, je suppose qu’il y a aussi un peu de cuir dans tout ça. Même Mötley Crüe n’est jamais allé aussi loin à l’époque et même encore aujourd’hui. D’ailleurs ça collerait mieux pour un groupe de Hair Métal qu’autre chose. Mais ce n’est pas tout car KISS arborera aussi un look extrêmement flashy kitsch, très cliché des années 80. Les quatre bisous deviennent donc un groupe stéréotype ambulant du Rock et du Métal de cette époque qui fait mal aux yeux.
L’album s’ouvre sur I’ve Had Enough (Into the Fire) et il est facile de croire qu’on s’est trompé de groupe. C’est explosif, la batterie est tellement lourde qu’on croirait qu’elle fait trois mètres de haut, en plus de cela il y a la guitare qui va déjà à cent à l’heure la chanson à peine commencée. On voit tout de suite la différence avec l’album précédent, on croirait un retour à l’époque de Creatures of the Night. Et encore je n’ai pas parlé du solo incompréhensible, peut-être un peu trop prétentieux dans ce côté « regardez-moi je suis super trop doué » mais c’est efficace. En parlant de guitare c’est étrangement Paul qui joue de la basse ici en plus d’assurer le chant.
On enchaine avec l’un des plus gros tubes et l’un de mes préférés du groupe, Heaven’s on Fire. C’est complètement con, on retrouve le côté assez marrant qu’avait le groupe quand ils ne parlaient que de cul. D’ailleurs cette chanson ne parle pas d’autre chose ! Ce qui est surprenant ici c’est qu’il n’y a que Paul Stanley et Eric Carr, étant donné que le premier y joue toutes les guitares sans exception, ce qui explique peut-être le solo plus que décevant (surtout quand on compare au précédent). S’il y a bien une chose à garder c’est le magnifique clip qui va avec, entre l’apparition surprise d’un mini Eric Carr sur l’épaule de Paul ou de superbes poses sexys de ce-dernier. C’est sans hésiter leur clip le plus marrant !
Et enfin voilà Gene Simmons sur Burn Bitch Burn. Il ne se fout pas de notre gueule, il chante avec toutes ses tripes et peut-être même ses couilles en plus. Le morceau rappelle à nouveau Creatures malgré un refrain plus proche de ce qu’il écrivait dans les années 70, avec les harmonies vocales des deux têtes pensantes. Mark St. John quant à lui ne démérite pas car on a le droit à deux solos pleins de vibrato et de conneries biens marrantes. Par contre il manquerait une réelle conclusion, parce que dans les années 80 on aime bien les fondus.
Get All You Can Take est une nouvelle preuve du syndrome Paul Stanley. Le titre n’est pas mauvais ni vraiment génial, c’est juste oubliable. Au moins le petit Paulo pousse sa voix jusqu’à l’épuisement, on comprend pourquoi il a autant de difficultés pour chanter aujourd’hui. Le solo ne viendra même pas sauver la chanson malgré sa qualité. Je crois que le problème vient réellement de la mélodie pas franchement inspirée.
Heureusement Simmons vient comme souvent remonter le niveau, cette fois avec Lonely is the Hunter. Pas de Mark St. John ici et ça s’entend, les fans reconnaitront rapidement Bruce Kulick. Le titre fonctionne très bien, j’apprécie en particulier le pont un peu plus rythmé juste avant le solo propre et sans trop de fioritures de la part de Kulick.
Alors que les deux morceaux précédents étaient assez calmes, Under the Gun augmente la cadence dès les premières notes. St. John n’est définitivement pas là pour déconner ni pour perdre son temps. C’est comme s’il avait autre chose à faire ou qu’il était constamment poursuivi par quelqu’un et qu’il devait donc jouer le plus rapidement possible. On se demande du coup si Stanley va pouvoir suivre vocalement parlant, contrairement à Eric Car qu’on savait déjà explosif dès son arrivée. Ce-dernier a d’ailleurs travaillé à l’écriture de ce titre avec Desmond Child et Paul Stanley. Dans l’ensemble ce morceau me rappelle quelque peu certaines chansons de Van Halen, en particulier Hot for Teacher sans ses passages calmes.
Malheureusement Thrills in the Night est là pour ralentir à nouveau le rythme, c’est en quelque sorte la balade de l’album même s’il n’y en a pas vraiment. En plus de cela c’est le retour de la vengeance du syndrome Paul Stanley. Heureusement les paroles sauvent un peu la mise, on retrouve à nouveau l’ambiance cul tout court et non cucul. Mais bon Paul a fait bien pire, si on l’écoute avec le reste de l’album ça passe sans trop de problèmes. Il existe aussi un clip totalement inintéressant où on y voit le groupe jouant faussement en Live. D’ailleurs même si sur l’album c’est bien Mark St. John qui joue le solo, dans ce clip on y voit Bruce Kulick.
While the City Sleeps est quant à elle réellement oubliable même si je suis d’habitude bien plus friand des chansons de Gene Simmons. C’est sans hésiter la plus mauvaise chanson de l’album, elle n’a rien de spécial et franchement je dois avouer que je la trouve un peu chiante. Bref n’importe qui zappera certainement pour passer à la suivante.
Et c’est Simmons qui conclura donc l’album avec son Murder in High Heels. C’est un titre tout à fait solide grâce à un riff et une mélodie efficace. Certains passages ressemblent d’ailleurs à une version ralentie du passage rapide de Sweet Emotion du groupe Aerosmith. Le solo est à nouveau joué par Bruce Kulick remplaçant au pied levé le petit Markie Mark. Par contre qui a foutu ce fondu à la fin, hein ?
Bref Animalize n’est certainement pas le meilleur album dans la carrière de KISS. Mais c’est loin d’être leur pire album ! En réalité il est tout à fait solide et reste selon moi un des albums les plus sous-estimé du groupe, avec Creatures (qui lui ressemble assez d’ailleurs). Finalement mis à part deux chansons, voir trois selon mes envies du moment, on se prend facilement au jeu. Ceci est en partie dû aux solos complètement tarés de l’hyper rapide Mark St. John. Et même ce côté un peu trop marqué par les années 80 est loin d’être déplaisant. On regrettera par contre qu’il n’y a que neuf titres. Heureusement l’album aura cartonné allant jusqu’à obtenir le statut de disque de platine, malheureusement St. John quitta le groupe aussi sec mais bon ça c’est une autre histoire. Du moins ce sera pour l’album prochain…