Akphaezya c’est quatre allumé(e)s du bulbe qui loin de se cloisonner à un style, préfèrent explorer et mélanger diverses sonorités à travers un concept sur plusieurs albums. Commencé en 2008 avec Anthology II : Links From The Dead Trinity, on découvrait alors un mélange détonnant de partie metal coupée avec des morceaux de jazz, progressif le tout saupoudré de piano. Ils nous reviennent, non pas avec Anthology III mais Anthology IV. Cette fois-ci l’album se présente comme une pièce antique grecque, composée d’un prologue, de quatre actes (un pour chaque saison) et d’un épilogue.

L’histoire s’articule autour de cinq personnages. Nimim Ninnom, la famille Dna (Sor-Dna le fils, Saer-Dna le père et Wer-Dna la mère) et Khym-Dna-Ninnom (le bébé de Nimim et Sor). Je vais pas résumer toute l’histoire, mais en tracer les grandes lignes. Le reste, à vous de le découvrir. Dans l’acte I (“Slow Vertigo”), Nimim et Sor se promettent l’un à l’autre de ne jamais se séparer, puis (Transe H.L 2) après la naissance de Khym (référence au héros de l’ancien temps, Khym Al Asad d’Anthology II), Sor abandonne Nimim malgré ses promesses de ne jamais la quitter. Dans le dernier acte Nimim se sacrifie pour sauver Khym, sa belle-mère l’accusant de la mort de son mari (passage illustré dans le clip de Nemesis). Le dieu du destin H. Nafets prend le bébé avec lui et Nimim est embarquée par la milice pour son jugement.

Nelh incarne chaque personnage tour à tour au gré des dialogues, chacun étant reconnaissable facilement grâce à un chant différent. Nimim un chant clair “féminin”, Sor un chant clair un peu plus grave, Ayzeahpka le growl et ainsi de suite. Un gros travail a été fait sur cette partie et chaque personnage paraît bien vivant et différent. Le chant est assez bluffant surtout les passages mixant le growl et le chant clair. Elle s’autorise même quelques passages lorgnant sur le jazz du plus bel effet.

Au niveau du son, gros travail de la part du groupe. La production gagne en puissance et clarté, les passages metal sont bien puissants à souhait, mais le clavier reste tout à fait audible. Bien que “Slow Vertigo” soit “normal” dans les standards du groupe, ils innovent quand même un peu en faisant apparaître quelques sonorités indus en début de piste. Mais la patte sonore des Français est bien toujours là et dès “Sophrosyne” les parties jazz, metal et progressive refont surface et explosent aux oreilles de l’auditeur. Les parties metal restent la moelle épinière du son auxquelles viennent se greffer les autres styles. La douce folle “Utopia” rappellera aux connaisseurs les “trips vocaux ” délicieusement géniaux d’Asphodel de Pin Up Went Down. La doomeuse “Hubris” et ses orgues en intro suivi d’un piano très discret, mais très efficace servent le concept à merveille. Les consonances latines ne sont pas loin et apparaissent sur “Harsch Verdict” lors du break. Bien que le style reste le même, les ambiances sont quant à elles bien plus sombres que sur le premier album qui malgré quelques passages plus lourds restait globalement plus léger, et ce, même au niveau des paroles. Aucun morceau ne se ressemble vraiment, mais tout est lié par le concept et l’écoute entière de l’album forme une pièce de théâtre tout à fait cohérente ou chaque morceau a sa place et on ne pourrait se passer d’un sans briser cette harmonie.

Le piano a une place très importante et on ne peut que saluer encore une fois la performance de Nehl. Que ce soit sur Transe H.L 2 ou sur presque tous les autres morceaux, la trame de fond est quasiment toujours occupée par le piano. Les autres musiciens ne sont pas en reste, la partie rythmique menée par Stéphane et Loïc est toujours aussi groovy avec une basse bien mise en avant qui permet, comme dans l’opus précèdent de bien apprécier cet instrument bien souvent mis en retrait.

Un excellent disque des Français qui signent ici une perle progressive à touches avant-gardistes. Concept toujours aussi bien maîtrisé, très gros travail sur le fond et la forme notamment dans l’incarnation des différents personnages ayant tous un chant leur correspondant. Tous les petits curieux se doivent d’écouter ce disque !
Whysy
9
Écrit par

Créée

le 16 janv. 2015

Critique lue 158 fois

Whysy

Écrit par

Critique lue 158 fois

D'autres avis sur Anthology IV: The Tragedy of Nerak

Anthology IV: The Tragedy of Nerak
Whysy
9

Critique de Anthology IV: The Tragedy of Nerak par Whysy

Akphaezya c’est quatre allumé(e)s du bulbe qui loin de se cloisonner à un style, préfèrent explorer et mélanger diverses sonorités à travers un concept sur plusieurs albums. Commencé en 2008 avec...

le 16 janv. 2015

Du même critique

V Empire or Dark Faerytales in Phallustein (EP)
Whysy
9

Critique de V Empire or Dark Faerytales in Phallustein (EP) par Whysy

En hiver 95, le label hébergeant Cradle of Filth, Cacophonous, refuse de verser les bénéfices sur leur précédent album. Le groupe désirant changer de maison disque, bénéficie en plus d'offres...

le 16 janv. 2015

4 j'aime

Infinity
Whysy
9

Critique de Infinity par Whysy

Un an après la sortie du monumental “Ocean Machine - Biomech” qui avait marqué d’une pierre blanche le progressif, Devin Townsend revient à la charge avec son premier album sorti sous son nom,...

le 16 janv. 2015

3 j'aime

Cruelty and the Beast
Whysy
8

Critique de Cruelty and the Beast par Whysy

La sortie de Dusk And Her Embrace a permis aux Anglais de se faire une place sur la scène extrême. Les ambiances très fortement teintées de romantisme sombre ont attiré pas mal de curieux recherchant...

le 16 janv. 2015

2 j'aime