Lorsque je m'ennuie au boulot, j'ai cette manie, pas toujours satisfaisante, de chercher des compositeurs, contemporains ou non, à découvrir. Je tombe souvent sur les mêmes noms, et presque par accident, en voilà un nouveau qui émerge d'une source quelconque. C'est un peu comme ça que ça s'est passé avec Julia Wolfe.
Entre deux visioconférences exaspérantes j'ai écouté Anthracite Fields, et d'autres compositions du cru de cette Américaine.
Je n'avais pas été autant étonné depuis ma découverte de Schnittke il y a plusieurs années déjà.
Julia Wolfe semble être une pionnière. C'est la seule que j'ai écoutée jusqu'alors à opérer une sorte de synthèse entre la musique dissonante à l'européenne et le minimalisme à l'américaine, comme un croisement entre Gyorgy Ligeti et Steve Reich, une curiosité.
Ce n'est pas pour ainsi dire très plaisant à l'oreille, mais on devine que c'est un champ inexploré de l'expression musicale. Là où un européen de la seconde partie du XXème aurait modélisé une espèce d'angoisse épurée (notre fameuse Angst ?), Julia Wolfe se sert d'un monde minimaliste pour donner à sa musique angoissante une épaisseur épique. Je le dis avec mes mots de néophyte.
Dans Anthracite Fields, oratorio à propos de l'exploitation minière en Pennsylvanie, cela se mêle aussi à des sonorités folkloriques, parfois même rock, pour exalter ce qu'il y a de populaire en ce thème. Cela ajoute encore une note d'originalité, mais je la trouve un peu vaine en comparaison de ce qui est déjà proposé (sachant que l'introduction de la musique populaire dans le contemporain est une chose quand même courue.)
Quoi qu'il en soit, je suis bien content d'occuper mes futures journées à creuser son œuvre, et peut-être mettre le pied sur des terres encore plus insoupçonnées.